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pour une bonne part, car c’est elles surtout qui firent du français la langue par excellence de la conversation polie, de la société. Toutefois, même, au XVIIe siècle, du temps de Louis XIV, les prosateurs les plus illustres, comme Bossuet, écrivaient une langue un peu traînante, avec de longues phrases souvent embarrassées ; c’est une très belle prose, mais ce n’est pas la bonne prose d’aujourd’hui. Le vrai père de la prose française moderne est Voltaire ; son Siècle de Louis XIV et ses Lettres restent encore la meilleure école de style.

En voilà assez sur l’histoire du français ; vous voyez qu’il s’est peu à peu dégagé du latin, comme le papillon de la chrysalide ; vous entrevoyez qu’après cela il eut encore fort à faire pour devenir la langue claire, simple et nuancée que les bons auteurs écrivent depuis le XVIIIe siècle. Vous comprendrez cela bien mieux si vous lisez, comme je vous le conseille, un recueil quelconque de Morceaux choisis.



J’ai prononcé, en passant, le mot style ; il faut le définir. Par son origine, il équivaut à ’“ plume, ” car le stylus était le poinçon avec lequel les Romains écrivaient sur la cire. Avec le temps, le style a désigné, au figuré, la manière d’écrire propre à