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vous n’y comprendriez rien sans une traduction. En voici un vers relativement facile :

Halt sont li pui e molt halt sont li arbre,

ce qui signifie : “Hauts sont les puys (les montagnes, songez au Puy de Dôme) et très (molt ou moult) hauts sont les arbres.”

Sautons trois cents ans pour arriver à l'historien Froissart, mort vers 1405. Ici vous allez comprendre à peu près :

Li pais de la environ et les bonnes gens, qui cuidoient estre en repos, se comencièrent à esbahir.

c’est-à-dire : “Les pays (villages) des environs (de là autour) et les bonnes gens, qui croyaient être en repos, commencèrent à s’effrayer.”

Deux cent trente ans après la mort de Froissart, Corneille écrivait Le Cid, que vous comprenez sans peine, sinon toujours sans gêne, Dans l'intervalle, la France avait produit des écrivains de génie, les prosateurs Rabelais et Montaigne, les poètes Marot et Ronsard, qui contribuèrent à fixer la langue, à lui donner de l’élégance et de la souplesse; l’influence des princesses et des femmes du monde y fut aussi

Du latin multum, signifiant ‘ beaucoup, que vous retrouvez dans les mots multiple, multitude, etc. On disait encore moult au XVIe siècle.