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véritable, et logos, discours ou raison). Mais il y a certaines notions essentielles sur la formation de notre langue — fille du latin, sœur de l’italien et de l’espagnol — qui ne doivent pas vous rester étrangères. Les voici.

Vous avez appris que la Gaule — les Romains disaient Gallia — fut conquise, cinquante ans avant notre ère, par Jules César. Pendant cinq siècles, la Gaule fit partie du vaste Empire romain qui comprenait, entre autres pays, l’Italie et l’Espagne. Les Gaulois parlaient une langue que nous connaissons mal, assez cependant pour dire qu’elle ressemblait au latin à peu près comme le français d’aujourd’hui à l’espagnol. Sous la domination romaine, qui leur assura la paix et la prospérité, les Gaulois ou Gallo-Romains apprirent le latin — non pas le latin des écrivains et du grand monde de Rome, mais celui des petites gens. Depuis le Ve siècle, la Gaule fut envahie par des peuples germaniques qui s’y établirent et lui donnèrent leur nom (France, pays des Francs). Mais ces Germains, ailleurs que dans l’Est, oublièrent eux-mêmes leur langue, sauf une centaine de mots usuels, et apprirent le mauvais latin des Gaulois, avec quelques bribes de l’ancienne langue du pays, le celtique, que les Gaulois n’avaient pas tout à fait oubliée. De ce mélange — celtique, latin, germanique — se