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cela, mais soumettons-nous, en attendant des jours meilleurs, à l’orthographe adoptée par l’Académie. Quand vous serez grande — intelligente comme vous l’êtes, instruite comme vous le serez — vous ferez de la propagande pour l’orthographe raisonnable, celle qui affranchira les enfants de la nécessité où ils sont d’apprendre l’orthographe déraisonnable de centaines de mots. L’Académie, cette vieille dame peu amie des nouveautés, finira par donner gain de cause aux réformistes ; jusque là, apprenons et pratiquons l’orthographe qu’elle prescrit, mais ne jugeons pas sévèrement, comme on a la mauvaise habitude de le faire, ceux qui s’en écartent.

Vous savez, en effet, ou vous saurez un jour, que les gens cultivés se fâchent ou se moquent quand ils trouvent des fautes d’orthographe dans une lettre Cette rigueur est le plus souvent déplacée. Il faut distinguer entre les fautes contre la grammaire et les fautes contre le dictionnaire. Si j’écris : « Les services que je vous ai rendue », alors qu’il faut rendus, c’est une grosse faute, ce qu’on appelle un solécisme, parce que c’est une faute contre une règle logique que je vous enseignerai ; mais si j’écris sculteur au lieu de sculpteur, ou gibelote au lieu de gibelotte (on écrit bien matelote avec un seul t), ces barbarismes, qui offensent le Dictionnaire de l’Académie, n’ont aucune importance et la déconsidération