Page:Salomon Reinach, Eulalie ou le grec sans larmes, 1911.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LETTRE PREMIÈRE


Vous me demandez, chère Eulalie, de vous enseigner “un peu de grec” par correspondance ; j’approuve votre désir et m’efforcerai de le satisfaire. Il faut des années de travail pour comprendre de la prose grecque, même facile, sans laide d’un lexique ou d’une traduction. Je ne songe pas à faire de vous une émule de Madame Dacier[1], et vous n’y prétendez point. Je voudrais seulement que le grec cessât d’être pour vous un grimoire et que vous pussiez bientôt goûter, avec un lexique et une traduction, le charme de cet admirable langage,

Le plus beau qui soit né sur les lèvres humaines, comme disait André Chénier, qui s’y connaissait. Même en poursuivant ce but modeste, il vous faudra beaucoup d’attention et des efforts de mémoire. Je compte sur votre courage ; comptez sur ma bonne volonté. Je ne mettrai pas pour vous la grammaire grecque en madrigaux, mais j’essayerai de la rendre aimable ; votre pensée m’y aidera.

  1. Madame Dacier, de Saumur (1654-1720), traduisit Homère, Callimaque, Sappho, etc.