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qu’en prose. Je prends comme exemple ce bel hexamètre de Lucain, qui résume avec force et concision les maximes morales de Caton d’Utique :

Nōn sǐbǐ, sēd tōtī gĕnĭtūm sē crēdĕrĕ mūndō.[1]

Mot à mot : “Credere se, croire soi ; genitum, né ; non sibi, non pour soi ; sed mundo toti, mais pour le monde tout entier,” — cest-à-dire : “Se croire né, non pour soi-même, mais pour le monde entier.”

Voilà, Cornélie, un joyau de la sagesse antique ; serrez-le précieusement dans votre écrin, je veux dire votre mémoire.



Abordons maintenant la déclinaison des substantifs. Je vous ai dit que le latin n’a pas d’article : panis signifie à la fois le pain, un pain, et du pain.

En français, le substantif ne change de forme qu’au pluriel ; quelques substantifs ont aussi une forme spéciale pour le féminin (chasseur, chasseresse). Les relations du substantif avec ce qui précède où ce qui suit sont indiquées par des prépositions ou par l’ordre des mots (je-dis à Paul, J’aime Paul). En latin, ces relations sont marquées par un changement de la terminaison ; ces

  1. Lucain, Pharsale, ii. 383.