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quoque (aussi), l’o avait-le son du français coq ; dans pômum {pomme), il se prononçait comme dans môme.

5° Mais surtout ils mettaient l’accent, c’est-à-dire qu’ils élevaient la voix sur une syllabe dans chaque mot qui en comptait plusieurs. Un mot de deux syllabes est toujours accentué sur la première : témpus. Si un mot a trois syllabes ou davantage, l’accent porte sur l’avant-dernière quand elle est longue : Romanus ; il porte sur la précédente si l’avant-dernière est brève : Cicéro. La quantité de la dernière syllabe n’a pas d’influence sur la position de l’accent. Vous voyez que, pour accentuer correctement, il faut savoir la quantité ; les Romains n’avaient pas besoin de l’apprendre.

En lisant le latin comme si était du français, nous insistons toujours un peu sur les syllabes finales : tempús, Romanús. Les Romains auraient trouvé cela barbare ; mais comme nous n’apprenons pas le latin pour le parler et que les étrangers le prononcent aussi mal que nous, à leur manière, je ne vois pas grand inconvénient à conserver la prononciation française usuelle. Mieux vaut faire abstraction de l’accent et de la quantité que de les marquer de travers.

J’ajoute ceci, que vous comprendrez sans peine si vous savez une langue accentuée, anglais, allemand ou italien. Les modernes, quand ils accentuent une syllabe, appuient sur elle, alors que les anciens, comme vous l’avez vu, accentuaient des syllabes qui restaient brèves : Cicero. Nous ne savons pas trop comment ils s’y prenaient et pouvons nous abstenir de le rechercher,