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un distique (du grec dis et stichos, “double ligne”). Tibulle, Properce, Ovide ont écrit de beaux poèmes en distiques. Voici un distique d’Ovide dont vous connaissez déjà le premier vers :

Dônëc ëris felix, mültôs nümèéräbis ämäcôs ; T'émpôrä | st füërint | nübilä, | sôlts Ars![1]

Si tempora, si les temps ; fuerint, seront devenus ; nubile, nuageux ; eris solus, tu seras seul.

“ Heureux, tu compteras des amitiés sans nombre ; Mais tu resteras seul si le temps devient sombre.”

Le second vers, que l’on écrit en retrait sur la droite, est un pentamètre. En réalité, il a six pieds comme l’hexamètre, mais avec cette différence qu'il y a un silence, c'est-à-dire un arrêt de la voix équivalent à une longue, au milieu et à la fin du vers :

T'émpôrä | st füërimt — | nübila | sols ris —

La première et la seconde moitié du pentamètre se composent donc chacune de deux pieds et demi; mais il faut noter que, dans la seconde moitié de ce vers, les deux pieds entiers sont toujours des dactyles. C'est là encore une exigence de l’euphonie.

Le pentamètre accompagne toujours l'hexamètre ; l'oreille ne tolèrerait pas la succession de

  1. Ovide, Tristes, i. 9, 5-6.