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exceptionnellement douées, mais tout individu normal en a reçu sa part et il ne dépend que de lui d’en profiter.

Les vers sont plus faciles à retenir que la prose, à condition qu’on en saisisse la mesure. Je vais donc employer la fin de cette première lettre à vous donner des notions élémentaires à ce sujet.



Dans un vers français, on compte les syllabes ; vous savez que le vers de la tragédie classique, dit alexandrin, en a douze. En latin, le nombre des syllabes importe peu ; on compte par pieds, c’est-à-dire par unités de durée. Cela n’est pas encore clair, mais vous allez comprendre à l’instant.

Voici un vers d’Ovide dit hexamètre (du grec hex, « six » et metron, « mesure ») :

Donec eris felix, multos numerabis amicos.
Traduisons d’abord : Donec, tant que ; eris, tu seras ; felix, heureux (d’où félicité) ; numerabis, tu compteras, tu nombreras ; multos, (de) nombreux (d’où multitude) ; amicos, amis.

« Tant que tu seras heureux, tu compteras de nombreux amis. »

Ce vers se compose de six pieds, c’est-à-dire de six groupes de syllabes longues et brèves dont