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furent tous d’accord sur le principe : les institutions les plus anciennes attestent la vénération des vivants pour les morts. On voit, aux époques les plus reculées, des cimetières désignés par les lois, sanctionnés par la religion.

Ce ne fut que cinq cents ans après rétablissement du christianisme que les chrétiens eurent des lieux particuliers de sépulture ; avant ils étaient inhumés, avec les païens, dans le cimetière de Calliste, le plus vaste de Rome, ou sur le bord des grands chemins hors des villes.

Les chrétiens, qui, sous la domination des Romains, n’eurent, à Paris, d’autre sépulture que le bord des grands chemins, en trouvèrent, sous les premiers rois chrétiens, jusqu’au pied des sanctuaires. De nombreux cimetières furent établis hors des murs ; mais la population, dès le septième siècle, s’accrut tellement, que ces cimetières se trouvèrent, peu de temps après, au milieu même de la ville et devinrent un voisinage très-insalubre.

Souvent ces lieux étaient dépourvus de toute espèce de clôture et n’avaient rien de ce qui commande le respect dû à la cendre des morts ; aussi n’en approchait-on qu’avec épouvante et la mort était-elle une digue insurmontable, placée entre les morts et les vivants. En effet, qu’aller faire dans ces lieux où rien n’indiquait la place où reposait votre parent, votre ami, où, croyant vous agenouiller près de ses restes, vous pouviez en être très-éloigné ?

Sous Philippe-Auguste, en 1188, le cimetière des Innocents fut entouré de murs et devint un lieu de sépulture convenable ; mais l’augmentation considérable de la population fit qu’il fut bientôt entouré lui-même d’habitations, et son voisinage ne tarda pas à éprouver des maladies provenant de l’infection de l’air.

Le Parlement de Paris, en 1765, frappé des dangers de conserver des cimetières au milieu d’une nombreuse population, rendit un arrêt de règlement par lequel il ordonna qu’à l’avenir les champs mortuaires seraient placés hors des murs d’enceinte.

Cet arrêt, n’ayant pas pourvu au remplacement des cimetières existants, rencontra une vive opposition et resta sans exécution.

En 1790, l’Assemblée constituante défendit d’inhumer dans les églises ; les troubles occasionnés par la Révolution et les guerres extérieures empêchèrent d’apporter un remède au danger, qui allait toujours croissant, et les choses en restèrent là.

Le 12 juin 1804, un décret impérial concernant les sépultures fut