Page:Salmon - Lettre concernant l’état actuel de Tahiti.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23

menaces pour se faire payer sa créance ; l’autorité accueillit favorablement la plainte, et, en conséquence, le propriétaire fut traduit devant la police correctionnelle. L’affaire ayant été appelée, il fut prouvé que le juge du district, grâce sans doute aux suggestions qu’il avait reçues, avait faussé les signatures des indigènes notables. Interrogé par le tribunal, il avoua le faux dont il s’était rendu coupable. L’affaire fut de suite renvoyée, et le tribunal indigné d’une conduite aussi détestable de la part d’un juge, déclara, dans son jugement, qu’il laissait à la diligence du Procureur Impérial le soin de poursuivre le juge faussaire. De plus il fit venir devant lui, l’officier qui avait passé dans le district et le réprimanda pour s’être mêlé d’une pareille affaire. Malgré l’invitation du tribunal, le juge ne fut point poursuivi, il fut maintenu dans l’emploi honorable, qu’il avait si indignement souillé, auquel même on ajouta un autre.

On se demande, n’est-ce-pas, Sire, si c’est bien, sous le pavillon de la France que de pareils actes ont été commis.

Peut-on attendre des indigènes, les qualités qui