Page:Salmon - Lettre concernant l’état actuel de Tahiti.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20

de lui avoir volé une petite somme d’argent ; sur sa plainte il fut incarcéré dans la prison de la ville de Papeete. Interrogé par le Commissaire de police et le geôlier il nia le vol ; alors on lui amarra les deux doigts ensemble avec un morceau de corde, et on serra avec un morceau de bois. Voyant que ces douleurs ne lui faisaient pas avouer, on le laissa dans cet état pendant deux jours : à l’expiration de ce temps-là son innocence fut reconnue. Il fut libéré, mais sans qu’aucune parole adoucissante lui fut adressé pour la torture physique qu’il avait injustement éprouvée. Et de deux !!

On comprend qu’il y avait peu de témoins à ces scènes déplorables ; mais les faits sont de notoriété publique. Mai garda pendant des mois l’empreinte de la corde sur les doigts, et lui et Tereino en donnent tous les tristes détails. Tout commentaire serait inutile. J’appellerai aussi toute l’attention de Votre Majesté sur la brutalité avec laquelle la police remplit ses fonctions. On voit assez souvent les personnes traînées à la prison, couvertes de sang, causées par les mauvais traitements auxquelles elles ont été assujetties, hommes où femmes, peu importe ; des