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On me dira peut-être que l’insécurité des propriétés dont je viens de donner des preuves, ne regarde que les Indigènes ; mais rien ne s’oppose à ce que les Européens achètent où louent les propriétés, et par suite forment des plantations.

À cela je dirai, Sire, que la même insécurité, le même manque de garanties pèsent sur tous, mais d’une manière différente.

Sans m’arrêter à exposer ici les réclamations personnelles, ayant pour but des terres considérables que j’ai momentanément perdues, malgré les engagements formels et les preuves officielles ; sans m’arrêter, dis-je à exposer ces réclamations, j’espère pouvoir prouver à Votre Majesté qu’il est difficile, sinon impossible, sous le régime actuel, de pouvoir entreprendre de grandes exploitations agricoles, et par la raison très simple que nous n’avons rien de fixe dans nos institutions.

Je commencerai aujourd’hui (par exemple) une plantation de café, de sucre ou de tout autre produit pour l’exploitation duquel le climat de Tahiti est si favorable, quelles garanties, Sire, puis-je avoir que mes produits ne seraient frappés de droits aussitôt que je pourrai en récolter. On me demandera sur quoi je me base