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moins pour les faire porter sur la plage ; cependant la besogne était pénible et difficile puisqu’il s’agissait de faire transporter à force de bras des poids considérables à une distance de plusieurs kilomètres et sur des terrains presque impraticables. Voyons ce qui fut fait ; ordre fut donné aux populations entières des district de la presqu’île de quitter leurs foyers et de se rendre dans les mornes, et ce, sous peine d’amende, pour héler les arbres. Ses habitants durent obéir, et plusieurs semaines furent consacrés à cette corvée forcée.

Aucune indemnité n’a été donnée à la reine, pour la perte de ses arbres, ni aux habitants pour la perte de leur temps, où les blessures graves que plusieurs en reçurent.

Une fois ces arbres sur la plage, on fît prendre les meilleurs, mais une grande partie fut abandonnée. Ils y sont encore, preuve muette mais significative de ces mesures regrettables et arbitraires.

Cette autorité, Sire, peut-elle s’appeler Protectrice ? Depuis cette époque ces corvées forcées sont devenues à la mode.

Revenons, pour un moment, à l’état inculte du pays.