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députa auſſi-tôt Sylla & Manlius. C’étoit au Roi à parler le premier, puiſqu’il leſe faiſoit venir. Ils jugerent à propos de faire les avances, pour lui inſpirer des ſentiments de paix, ou le conf‍irmer dans ceux qu’il pouvoit avoir. Manlius, quoique le plus âgé, laiſſa porter la parole à Sylla qui étoit le plus éloquent. Il harangua ainſi en peu de mots[1] : « Nous avons bien de la joie, grand Roi, de ce que les Dieux vous ont enf‍in inſpiré de préférer la paix à la guerre, & de ce qu’un Prince auſſi accompli que vous, ceſſant de ſe ſouiller par une funeſ‍te alliance avec le plus ſcélérat de tous les hommes, nous diſpenſe de la dure néceſſité de châtier auſſi rigoureuſement l’erreur de l’un que les crimes atroces de l’autre. Le Peuple Romain, dès

  1. Sylla avoit écrit un Journal de ſa vie. Ce diſcours pourroit bien en être extrait ; les Romains haranguoient volontiers. Lorſque Pompée fut aſſaſſiné, il étoit occupé à prendre par cœur un compliment qu’il comptoit faire au Roi d’Égypte.