l’emportoit pas ſur ſon induſt rie ; pluſieurs ont douté quel titre de brave ou d’heureux lui étoit le plus légitimement dû. Quant à ce qu’il fi t depuis, j’aurois autant de regret que de honte d’en parler.
XCIV. Lorſqu’il vint au camp de Marius, il ignoroit entiérement l’Art Militaire ; il y devint bientôt le plus habile ; il étoit plein d’aff abilité envers les Soldats ; accordoit & prévenoit même les demandes ; ne recevoit un bienfait qu’à regret, & le regardoit comme une dette qu’il ſe hâtoit d’acquitter ; il n’exigeoit aucun retour de ceux qu’on recevoit de lui ; il tâchoit au contraire d’avoir un grand nombre de débiteurs de cette eſpece. Il plaiſantoit ou parloit ſérieuſement avec ceux même du dernier rang ; étoit fort aſſidu aux travaux, aux marches & aux veilles ; ne déchiroit jamais, par une ambition mal-placée mais trop ordinaire, la réputation du Conſul ni des autres perſonnes de mérite. Il s’ef-