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re, ils ont regardé le corps comme l’unique inf‍trument des plaiſirs, & l’ame comme un fardeau onéreux. Je mets au même rang leur vie & leur mort : on ne parle pas plus de l’une que de l’autre[1]. Celui-là ſeul me paroit donc vivre, & jouir de ſon ame, qui, s’occupant utilement, cherche à ſe dif‍tinguer par la culture des Arts, ou par de belles actions. Du grand nombre de routes qui menent à la gloire, chacun peut ſuivre celle que ſon penchant lui indique.

III. Il ef‍t beau de ſervir l’État ; il l’ef‍t auſſi de ſe dif‍tinguer par ſon éloquence. La paix a ſes lauriers comme la guerre ; & ſi on loue ceux qui ont fait de belles actions, on ne laiſſe pas ſans éloges ceux qui les ont écrites. Quoique la gloire de ces derniers ſoit d’un genre inférieur, leur entrepriſe me paroît des plus dif‍ficiles. Il faut d’abord une eſpece de proportion entre les paroles & les faits : de plus, on taxe de jalou-

  1. Si Salluf‍te avoir lu quelques-unes de nos Hif‍toires, il auroit vraiſemblement mis ſilendum ef‍t. Il ſemble qu’en ef‍fet, le devoir de l’Hif‍toire étoit de ſupprimer quantité de faits peu mémorables, dont on l’a mal adroitement ſurchargée.