aux récompenſes dues au travail, choſes abſolument incompatibles ! Lorſqu’ils parlent devant vous ou dans le Sénat, preſque tous leurs diſcours roulent ſur les éloges de leurs aïeux. Ils croient, en rappellant leurs exploits, ſe relever eux-mêmes ; il arrive préciſément le contraire. Plus la vie des uns a été illuſt re, plus la lâcheté des autres paroît honteuſe. Oui, Romains, la gloire des Ancêtres eſt comme une lumiere qui ſe répand ſur leurs deſcendants ; elle fait paroître plus à découvert leurs vices & leurs vertus. Pour moi, je n’ai pas cet avantage ; mais, ce qui eſt bien plus glorieux, je puis rappeller le ſouvenir de mes propres actions. Voyez quelle eſt leur injuſt ice. Ils prétendent tirer du luſt re d’un mérite étranger, & ils ne veulent pas que j’en tire de celui qui m’eſt perſonnel ; parce que mes Ancêtres n’ont point poſſédé de Charges, & que ma nobleſſe eſt récente. Ne vaut-il donc pas mieux ſe la procurer à ſoi-même, que de la déſhonorer, après l’avoir reçue d’autrui ? Je ſais que s’ils vouloient dès-à-préſent me répondre, ils le feroient ſans peine, avec toute la pompe & les appareils
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