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Méditerranée. Oh ! que le fils différait du père ! l’un avait exterminé les pirates Ciliciens, l’autre les associait à ses desseins.

Le jeune Pompée fut accablé sans retour dans le détroit de Sicile, sous le poids d’une guerre formidable ; il eût emporté aux enfers la réputation de grand capitaine, s’il n’eût pas de nouveau tenté la fortune, bien que ce soit le signe d’une grande âme que d’espérer toujours. Voyant ses affaires ruinées, il s’enfuit et fit voile vers l’Asie, où il devait tomber entre les mains et dans les chaînes de ses ennemis, et, ce qui est le comble de l’infortune pour un homme de courage, périr à leur gré sous le fer d’un assassin. Jamais fuite, depuis celle de Xerxès, n’avait été plus déplorable. Maître naguère de trois cent cinquante navires, c’était avec six ou sept que fuyait Sextus, réduit à faire éteindre le fanal du vaisseau prétorien et à jeter son anneau dans la mer, portant de tous côtés des regards incertains et inquiets, et toutefois ne craignant pas la mort.

IX. — Guerre de Ventidius contre les Parthes. — (An de Rome 714-715). — Quoique César eût, par la mort de Cassius et de Brutus, anéanti le parti de Pompée, quoiqu’il en eût effacé jusqu’au nom par celle de Sextus, il n’avait encore rien fait pour la stabilité de la paix, puisqu’il restait un écueil, un nœud gordien, un obstacle qui retardait le retour de la sécurité publique : c’était Antoine. Du reste, cet homme hâta lui-même sa perte par ses vices. Se livrant à tous les excès de l’ambition et de la luxure, il délivra d’abord ses ennemis, ensuite ses concitoyens, enfin son siècle de la terreur qu’il inspirait.

Les Parthes, enorgueillis de la défaite de Crassus, avaient appris avec joie les discordes civiles du peuple romain ; et, prompts à saisir la première occasion, ils avaient envahi nos frontières, à l’instigation de Labiénus, que Cassius et Brutus – ô délire du crime ! avaient envoyé pour implorer le secours de ces ennemis de Rome. Aussitôt les Parthes, sous la conduite du jeune Pacorus, fils de leur roi, dissipent les garnisons d’Antoine, dont le lieutenant Saxa se tua de son glaive pour ne pas tomber entre les mains du vainqueur. La Syrie nous fut enfin enlevée ; et les Parthes triomphant pour eux-mêmes, sous le nom d’auxiliaires, le mal se serait étendu plus loin, si, par un bonheur incroyable, Ventidius, autre lieutenant d’Antoine, n’eût taillé en pièces les troupes de Labiénus, toute la cavalerie Parthe, et tué Pacorus lui-même, dans la vaste plaine située entre l’Oronte et l’Euphrate. Plus de vingt mille hommes périrent, dans cette défaite, qui fut due surtout à l’habileté de notre général. Feignant d’être effrayé, il laissa les ennemis s’approcher si près de son camp qu’il leur ôta ainsi l’espace nécessaire pour la portée du trait et le pouvoir de faire usage de leurs flèches. Leur prince périt en combattant vaillamment. Sa tête fut aussitôt portée dans toutes les villes qui avaient fait défection et la Syrie fut reprise sans combat. C’est ainsi que nous vengeâmes le désastre de Crassus par le sang de Pacorus.

X. — Guerre d’Antoine contre les Parthes. — (An de Rome 716-717.) — Les Parthes et les Romains, en mesurant leurs forces, s’en étaient donné, par la mort de Crassus et de Pacorus, des preuves mutuelles : pleins les uns pour