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voisines, il fallut les chercher pour les vaincre.

X. — Expédition de Chypre. — (An de Rome 693.) — L’heure fatale des îles était arrivée ; et Chypre fut à nous sans combat. Cette île, abondante en richesses antiques et consacrée à Vénus, avait Ptolémée pour roi. La renommée de son opulence était si grande et si fondée que le peuple vainqueur des nations et dispensateur des royaumes, sur la proposition de tribun Publius Clodius, ordonna, du vivant de ce roi, notre allié, la confiscation de ses biens. Averti de cette résolution, Ptolémée avança par le poison le terme de ses jours. Porcius Caton transporta à Rome, par l’embouchure du Tibre, sur des brigantins, les richesses de Chypre, qui grossirent plus qu’aucun triomphe le trésor du peuple romain.

XI. — Guerre des Gaules. — (An de Rome 695-704.) — L’Asie soumise par les armes de Pompée, la fortune choisit César pour achever la conquête de l’Europe. Restaient encore les Gaulois et les Germains, les plus féroces de tous les peuples, et la Bretagne, qui, bien que séparée de tout l’univers, trouva cependant un vainqueur.

Le premier mouvement de la Gaule commença par les Helvètes[1], qui, situés entre le Rhône et le Rhin, dans un territoire insuffisant, vinrent réclamer des habitations, après avoir incendié leurs villes, faisant ainsi le serment de ne pas y revenir. César a demandé du temps pour délibérer : dans l’intervalle, il rompit le pont du Rhône, afin de leur ôter tout moyen de retraite, et fit rentrer aussitôt cette belliqueuse nation dans ses foyers, comme un pasteur, son troupeau dans le bercail.

La guerre des Belges, qui suivit, fut beaucoup plus sanglante ; car ils combattaient pour la liberté. Si les soldats romains firent des prodiges de valeur, leur chef se signala par un exploit bien mémorable. Notre armée pliait, prête à prendre la fuite ; il arrache un bouclier des mains d’un des fuyards, vole à la première ligne, et rétablit le combat par sa valeur[2].

Il soutint ensuite une guerre maritime contre les Vénètes ; mais il eut plus à lutter contre l’Océan que contre leurs vaisseaux qui, grossiers et informes, étaient naufragés dès la première atteinte de nos éperons. L’Océan s’étant, à l’heure du reflux, retiré pendant le combat, comme pour y mettre fin, l’action n’en continua pas moins sur la grève.

Voici les divers incidents de cette guerre, d’après la nature des nations et des lieux. Les Aquitains, race astucieuse, se retirèrent dans des cavernes ; César les y fit enfermer. Les Morins se dispersaient dans les bois ; il ordonna d’y mettre le feu. Qu’on ne dise pas que les Gaulois ne sont que féroces ; ils ont recours à la ruse. Induciomare rassembla les Trévires ; Ambiorix, les Eburons. Tous deux se liguèrent pendant l’absence de César et attaquèrent ses lieutenants. Mais le premier fut vigoureusement repoussé par Dolabella, qui rapporta la tête du roi barbare. L’autre, avant dressé une embuscade dans un vallon, nous surprit, nous accabla, pilla notre camp et en emporta l’or. Nous perdîmes, dans cette rencontre, les

  1. V. our les noms des peuples dont il est fait mention dans ce chapitre les notes des commentaires sur La guerre des Gaules.
  2. V. Cæs. De Bell. Gall.