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avant l’arrivée des lettres du vainqueur. Le jour où Persée était défait en Macédoine, on le savait à Rome. Deux jeunes guerriers, montés sur des chevaux blancs, vinrent laver dans le lac de Juturne la poussière et le sang qui les couvraient[1]. Ce fut par eux qu’on apprit cette nouvelle. On crut généralement que c’étaient Castor et Pollux, car ils étaient deux ; qu’ils avaient pris part à la bataille, car ils étaient couverts de sang ; qu’ils arrivaient de Macédoine, car ils étaient encore tout haletants.

XIII. — Guerre d’Illyrie. — (An de R. 585). — La guerre de Macédoine se propagea jusque chez les Illyriens. Ces peuples avaient été soudoyés par le roi Persée pour harceler par derrière l’armée romaine. Ils furent promptement soumis par le préteur Anicius. Il lui suffit d’avoir détruit Scorda, leur capitale, pour les forcer à se rendre aussitôt. Enfin cette guerre était finie avant qu’on sût à Rome qu’elle était entreprise.

XIV. — Troisième guerre de Macédoine. — (An de Rome 604 - 605.) — Par une espèce de fatalité, par une sorte de convention arrêtée entre les Carthaginois et les Macédoniens pour se faire vaincre également trois fois, ces deux peuples reprirent en même temps les armes. Mais la Macédoine secoua le joug la première, et fut un peu plus difficile à réduire qu’auparavant, parce qu’on la méprisa.

La cause de cette guerre doit presque nous faire rougir. Un homme de la plus basse extraction, Andriscus avait pris à la fois la couronne et les armes. On ignore s’il était libre ou esclave ; mercenaire, il l’était certainement. Mais, comme sa ressemblance avec Philippe l’avait fait appeler Pseudophilippe, il rehaussa cette figure, et ce nom de roi par un courage vraiment royal. Le peuple romain, méprisant d’abord ses entreprises, se contenta d’envoyer contre lui le préteur Juvencius, et attaqua témérairement un homme appuyé par toutes les forces de la Macédoine, et par de puissants renforts de la Thrace. Rome, que de véritables rois n’avaient pu vaincre, fut donc vaincue par un monarque imaginaire, par un roi de théâtre. Mais le consul Métellus vengea complètement la perte du préteur et de sa légion. La Macédoine fut punie par la servitude ; quant à l’auteur de la guerre, livré par un petit toi de Thrace, auprès duquel il s’était réfugié, il fut amené à Rome, chargé de chaînes. Ainsi, dans ses malheurs, cet homme obtint de la fortune la faveur d’être, ainsi qu’un vrai roi, le sujet d’un triomphe pour le peuple romain.

XV. — Troisième guerre Punique. — (An de Rome 604 - 607). — La troisième guerre contre l’Afrique fut de courte durée, puisqu’on l’acheva en quatre ans ; et très peu pénible, en comparaison des deux premières, puisqu’on eut à combattre moins contre des hommes que contre des murs ; mais elle fut sans contredit la plus importante par son résultat, puisque Carthage finit avec elle. Si l’on veut déterminer le caractère de ces trois époques, on verra la guerre engagée dans la première, poussée avec vigueur dans la seconde, mais terminée dans la troisième.

Le motif de celle-ci fut que les Carthaginois, contre les clauses du traité, avaient une fois envoyé

  1. V. Val. Max. l. 1. c. 8. § 1.