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IX. — Guerre d’Étolie. — (An de R. 564). — A la guerre de Syrie succéda naturellement celle d’Etolie. En effet, après avoir vaincu Antiochus, Rome devait poursuivre ceux qui avaient allumé les feux de la guerre d’Asie. Fulvius Nobilior est chargé du soin de sa vengeance. Aussitôt, Ambracie, la capitale du pays, l’ancienne résidence de Pyrrhus, est ébranlée sous l’effort des machines ; elle se rend bientôt. Aux prières des Étoliens, Athènes et Rhodes joignent les leurs ; et, en mémoire de notre alliance avec eux, on consent à leur pardonner. La guerre s’étendit cependant plus loin et aux pays voisins. Céphalénie, Zacynthe et toutes les îles de cette mer, entre les monts Cérauniens et le cap Malée, furent l’accessoire de la guerre d’Étolie.

X. — Guerre d’Istrie. — (An de R. 575). — Après les Étoliens, Rome attaqua l’Istrie, qui les avait secourus dans la dernière guerre. Les commencements de celle-ci furent à l’avantage des ennemis ; mais ce succès même causa leur perte. Ils avaient pris le camp de Cnaeus Manlius ; ne s’attachant qu’à leur riche butin, la plupart d’entre eux, ivres de vin et de joie, s’oubliaient au milieu des festins, lorsqu’Appius Pulcher les surprit, et leur fit revomir, dans des flots de sang, une victoire mal assurée. Apulon[1], leur roi, jeté sur un cheval, avait la tête si appesantie, si troublée par les fumées du vin, qu’il chancelait à tout moment : après qu’il eut repris ses sens, il apprit, avec beaucoup de peine, qu’il était prisonnier.

XI. — Guerre contre les Gallo-Grecs. — (An de Rome 564). — Les Gallo-Grecs furent aussi enveloppés dans la ruine causée par la guerre de Syrie. Avaient-ils réellement secouru Antiochus ? ou Manlius, ambitionnant un triomphe, avait-il feint de les avoir vus dans l’armée de ce roi ? C’est ce qu’on ne sait pas. Quoi qu’il en soit, le vainqueur n’ayant point justifié des motifs de cette guerre, le triomphe lui fut refusé[2]. La nation des Gallo-Grecs, comme l’indique son nom même, était un reste mixte et abâtardi de ces Gaulois qui, sous la conduite de Brennus[3], avaient dévasté la Grèce, et qui bientôt, pénétrant dans l’Orient, s’étaient établis dans la partie centrale de l’Asie. Mais de même que les plantes dégénèrent en changeant de sol, ainsi la férocité naturelle de ces peuples s’était amollie dans les délices de l’Asie. Aussi furent-ils battus et mis en fuite dans deux batailles, bien qu’à l’approche de l’ennemi, ils eussent abandonné leurs demeures, et se fussent retirés sur de très hautes montagnes, qu’occupaient déjà les Tolistoboges, et les Tectosages[4]. Les uns et les autres, assaillis d’une grêle de pierres et de traits, furent en se rendant, condamnés à une éternelle paix. Ce ne fut que par une espèce de miracle qu’on les enchaîna : ils mordaient leurs fers, pour essayer de les rompre ; ils se présentaient mutuellement la gorge pour s’étrangler. La femme d’Orgiagonte[5], leur roi, victime de la brutalité d’un centurion, laissa un exemple mémorable : elle s’échappa de sa prison, coupa la tête du soldat et la porta à son époux.

XII. — Seconde guerre de Macédoine — (An

  1. Œpulon selon Tite-Live.
  2. Les fastes capitolins témoignent qu’on le lui accorda : Tite-Live dit que ce ne fut qu’après de longs débuts.
  3. V. dans ce volume, p. 352, la note 6 du 1er  livre des commentaires sur la guerre des Gaules.
  4. Tite-Live y ajoute les Trocnes.
  5. Tite-Live l’appelle Oragonte.