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gea un trophée d’or (15). Sous le roi Viridomare[1], ils avaient promis à Vulcain les armes romaines ; mais leur vœu retomba sur eux-mêmes : car Marcellus, ayant tué leur roi, en suspendit les armes dans le temple de Jupiter Férétrien, troisièmes dépouilles opimes[2] depuis Romulus, père des Romains.

V. — Guerre contre les Illyriens. — (An de Rome 523-525.) — Les Illyriens ou Liburnes habitent aux extrémités de la chaîne des Alpes, entre les fleuves Arsias et Titius, et s’étendent fort au loin sur toute la côte de la mer Adriatique[3]. Ces peuples, sous le règne d’une femme nommée Teutana, non contents de leurs brigandages, ajoutèrent le crime à la licence. Nos ambassadeurs, envoyés pour demander satisfaction des délits qu’ils avaient commis, sont frappés non pas même par le glaive, mais par la hache, ainsi que des victimes. Les commandants de nos vaisseaux sont brûlés vifs, et, pour comble d’indignité, par l’ordre d’une femme ; mais on dompte entièrement ces Barbares sous la conduite de Cnaeus Fulvius Centimalus ; et les têtes des principaux de la nation satisfont, en tombant sous la hache, aux mânes de nos ambassadeurs[4].

VI. — Deuxième guerre Punique. — (An de Rome 535-552.) — A peine avait-on eu quatre années de repos (16), depuis la première guerre Punique, qu’on vit éclater la seconde ; moins considérable, il est vrai, par sa durée (car elle ne fut que de dix-huit ans), mais bien plus terrible par l’horreur de ses désastres, au point que, si l’on compare les pertes des deux peuples, le vainqueur paraîtra le vaincu (17).

C’était, pour une nation orgueilleuse, une vive douleur de se voir enlever la mer, prendre ses îles[5] ; de donner des tributs, qu’elle avait l’habitude d’exiger (18). A la suite de cela, Annibal enfant, avait, sur les autels, juré à son père de venger sa patrie[6] ; et il lui tardait d’accomplir ce serment. Pour faire naître un sujet de guerre, il choisit Sagonte[7], antique et opulente cité de l’Espagne, illustre mais déplorable monument de fidélité envers les Romains. Son indépendance lui avait été garantie par un traité commun aux deux peuples. Annibal, cherchant de nouvelles causes de troubles, la détruisit de ses propres mains et par celles même de ses habitants ; ainsi, en rompant l’alliance, il s’ouvrait le chemin de l’Italie. La religion des traités est sacrée chez les Romains ; aussi, à la nouvelle du siège d’une ville, leur alliée, ils se rappellent qu’un pacte les unit également avec les Carthaginois, et, au lieu de se hâter de courir aux armes, ils préfèrent auparavant, selon la coutume bien établie, faire entendre leurs plaintes. Cependant, pressés depuis neuf mois par la famine, par les machines et par le fer, les Sagontins changent à la fin leur constance eu fureur ; ils allument, dans la place publique, un immense bûcher, et y périssent, avec leurs familles et toutes leurs richesses, par le fer et par le feu. Rome demande justice d’Annibal, l’auteur de ce si grand désastre. Voyant les Carthaginois tergiverser, « Que tardez-vous ? leur dit Fabius, chef de l’ambassade ; j’apporte dans le pli de cette robe la guerre et la paix. Que choisissez-vous ? » —

  1. Appelé Vicdumare par d’autres historiens.
  2. V. Virgile, Ænédi, l. VI, v. 819.
  3. L’Illyrie, qui répond à une partie de la Croatie, à la Molapie, à la Dalmatie et à l aBosnie, s’étendait depuis l’Istrie et le Norcum, au nord, jusqu’à l’Epire au mide. La Libounie, première province dlyrienne, soumise aux Romains, était comprise entre l’Istrie au nord et la Dalmatie au sud.
  4. V. Polyb, l. II, Justin Proleg. 28.
  5. La Sardaigne, la Corse.
  6. V. Silius Italicus, l. I, v. 81-119
  7. Dans la Tarraconaise : on en voit encore les ruines près de Murviedro (roy. de Valence).