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sur notre terrain. Le lendemain, il s’avança, à son ordinaire, jusqu’à notre garde de cavalerie ; et quelques-uns de nos escadrons, soutenus par de l’infanterie légère, l’ayant attaqué, furent repoussés, et cavaliers et fantassins, vu leur petit nombre, écrasés par les chevaux de l’ennemi. L’action se passait à la vue des deux camps, et ceux de Pompée en étaient d’autant plus fiers qu’ils avaient poursuivi les nôtres assez loin ; mais quand ils les virent se rallier avec l’aide de leurs compagnons et revenir à la charge en poussant de grands cris, ils refusèrent le combat.

XV. C’est une chose assez ordinaire dans les mêlées, que lorsque le cavalier met pied à terre pour se battre avec le fantassin, le premier a le dessous : c’est ce qui eut lieu dans cette occasion. Une troupe de l’infanterie légère de l’ennemi étant venue attaquer nos cavaliers à l’improviste, ceux-ci, pour la plupart, mirent pied à terre, et ainsi, en un instant, le cavalier combattit à la manière des fantassins, et le fantassin à la manière des cavaliers. On se battit jusque sous les retranchements de l’ennemi. Il perdit, dans ce combat, cent vingt-trois hommes ; beaucoup jetèrent leurs armes, et un grand nombre furent repoussés dans leur camp tout couverts de blessures. Nous ne perdîmes que trois hommes, et nous n’eûmes que douze fantassins et cinq cavaliers de blessés. Le même jour, à la suite de cette affaire, on donna, comme de coutume, un assaut à la ville. Après avoir lancé sur nous une grande quantité de traits et de feux, les assiégés commirent, à nos yeux, d’exécrables cruautés : ils égorgèrent leurs hôtes et les précipitèrent du haut des murailles, comme auraient fait des Barbares ; ce qui ne s’était jamais vu de mémoire d’homme.

XVI. Sur la fin du même jour, un émissaire de Pompée pénétra jusque dans la ville sans que nous nous en fussions aperçus, et invita de sa part les assiégés à brûler cette nuit même nos tours et nos ouvrages, et à faire une sortie vers la troisième veille. En conséquence, après avoir lancé sur nous quantité de traits et de feux, et avoir détruit une grande partie de notre rempart, ils ouvrirent la porte qui faisait face au camp de Pompée, et sortirent tous ensemble, portant des fascines pour combler nos fossés, et des harpons pour détruire et incendier les huttes de bataille que nos soldats avaient construites, afin de s’y mettre à l’abri du froid. Ils portaient aussi avec eux de l’argent et des habits pour les répandre à terre, tomber sur nos gens tandis qu’ils ramasseraient le butin, et gagner ensuite le camp de Pompée ; car celui-ci, comptant sur le succès, se tint toute la nuit en bataille de l’autre côté de la rivière de Salsum. Quoique surpris, nos soldats, trouvant des forces dans leur courage, repoussèrent les ennemis, en blessèrent plusieurs, s’emparèrent des armes et du butin, et firent quelques prisonniers, que l’on massacra le lendemain. Dans le même temps on apprit, par un transfuge venu de la ville, que Junius, après le massacre des habitants que nous avons