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et les siens, il se rendit au proconsul C. Caninius qui l’assiégeait, et, sur sa parole, lui livra la ville et tous ses biens.

XCIV. Cependant le roi Juba, repoussé de toutes les villes, désespéra de se sauver. Après avoir soupé avec Pétréius, voulant tous deux paraître mourir avec courage, ils prirent chacun une épée et se battirent. Comme Juba avait plus de force que Pétréius, il le tua sans peine. Il essaya ensuite de se percer de son épée ; mais, ne pouvant y réussir, il pria un de ses esclaves de le tuer ; ce qu’il obtint.

XCV. Dans le même temps, P. Sittius, après avoir défait et tué Saburra, lieutenant de Juba, venait rejoindre César à travers la Mauritanie avec une troupe peu nombreuse, lorsqu’il rencontra par hasard Faustus (13) et Afranius à la tête de ces cavaliers qui avaient pillé Utique : ils se dirigeaient vers l’Espagne au nombre d’environ quinze cents. Sittius, leur ayant dressé une embuscade pendant la nuit, les attaqua à la pointe du jour ; et, à la réserve de quelques cavaliers de l’avant-garde qui s’échappèrent, tous furent tués ou faits prisonniers : Faustus et Afranius eux-mêmes furent pris, avec la femme et les enfants du premier. Quelques jours après dans une émeute de l’armée, on massacra Faustus et Afranius. César accorda à Pompéia, épouse de Faustus, et à ses enfants, la vie et tous leurs biens.

XCVI. Cependant Scipion s’était embarqué sur ses galères avec Damasippus, Torquatus et Plétorius Rustianus, dans le dessein de passer en Espagne. Après avoir été longtemps le jouet des flots, ils furent enfin déportés vers Hippone[1], où était alors la flotte de P. Sittius. Leurs vaisseaux, peu nombreux, furent enveloppés et coulés à fond par ceux de Sittius, qui étaient plus grands : Scipion périt avec ceux que j’ai nommés tout à l’heure.

XCVII. César fit à Zama la vente publique des biens de Juba et de ceux des citoyens romains qui avaient porté les armes contre la république, récompensa les habitants de la ville qui avaient conseillé d’en fermer les portes au roi, et, après avoir réduit la province en royaume, il y laissa Crispus Sallustius, en qualité de proconsul. De là il se rendit à Utique où il vendit les biens de tous ceux qui avaient eu des commandements sous Juba et Pétréius. De même il imposa la ville de Thapsus à deux millions de sesterces, et son territoire à trois millions ; la ville d’Hadrumète à trois millions, et à cinq son territoire : à ces conditions, ces villes et le pays furent exempts du pillage. Ceux de Leptis, dont Juba avait, les années précédentes, ravagé les terres, et pour qui, sur leurs plaintes, le sénat avait nommé des arbitres auxquels ils avaient dû la restitution de leurs biens, furent condamnés à fournir tous les ans trois cent mille livres d’huile, parce que, dans le principe, par suite de la division des chefs, ils s’étaient alliés à Juba et lui avaient donné des armes, des soldats et de l’argent. Quant à la ville de Thysdra, comme elle était peu considérable, elle

  1. Ville de l’Afrique, sur le bord de la mer.