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ensemble les ennemis, les mirent en fuite, en tuèrent et blessèrent un grand nombre, et après les avoir poursuivis l’espace de trois mille pas, et les avoir repoussés jusque dans les montagnes, ils vinrent rejoindre l’armée. Après être resté en bataille jusqu’à la dixième heure, César se retira dans son camp sans aucune perte. Dans cette action, Pacidéius fut dangereusement blessé à la tête d’un coup de javelot, et un grand nombre de chefs et de braves furent tués ou blessés.

LXXIX. Quand César vit qu’il ne pouvait, par aucun moyen, attirer l’ennemi dans la plaine, ou le décider à combattre nos légions, et qu’il eut en outre considéré que le manque d’eau l’empêchait de rapprocher son camp de celui de Scipion, ce qui enhardissait encore plus ses adversaires que leur propre courage, il partit d’Aggar, un jour avant les nones d’avril, à la troisième veille, s’avança pendant la nuit d’environ seize mille pas, et alla camper devant Thapsus, où Vergilius commandait une forte garnison. Le même jour il investit la place, et se saisit de plusieurs postes avantageux, qui devaient lui servir à empêcher l’ennemi de venir jusqu’à lui, ou d’approcher de la ville. Cette entreprise de César obligea Scipion à livrer combat, pour n’avoir pas la honte d’abandonner lâchement Vergilius et les habitants de Thapsus, si fidèles à son parti. Il suivit donc César par les hauteurs, et arrivé à huit mille pas de Thapsus, il y forma deux camps.

LXXX. Il y avait un étang salé et, entre cet étang et la mer, un passage d’environ quinze cents pas, par où Scipion voulait pénétrer, afin de secourir les assiégés. César, qui s’y attendait, y avait établi un fort dès la veille, et avait mis dans ce fort une triple garnison, tandis qu’avec le reste des troupes, campées en forme de croissant, il continuait les travaux autour de la ville. Scipion, ayant trouvé le passage fermé, et ayant passé le jour suivant et la nuit au-dessus de l’étang, vint, le surlendemain, dès la pointe du jour, camper du côté de la mer, environ à quinze cents pas de nos lignes et du fort dont nous avons parlé, et commença à s’y retrancher. Dès que la nouvelle en arrive à César, il retire ses troupes des travaux, laisse le proconsul Asprénas avec deux légions à la garde du camp, et lui-même il marche en diligence avec une troupe légère vers l’ennemi. En partant, il avait laissé une partie de sa flotte devant Thapsus, et ordonné à l’autre de se porter derrière Scipion le plus près possible du rivage, d’y attendre le signal, et, dès qu’il serait donné, de jeter soudain de grands cris, afin d’épouvanter l’ennemi, et que, troublé, effrayé, il fût obligé de prendre la fuite.

LXXXI. César, à son arrivée, trouva l’armée de Scipion rangée en bataille à la tête de ses retranchements, les éléphants sur les deux ailes, tandis qu’une partie des troupes travaillait avec ardeur à fortifier le camp. Il rangea lui-même son armée sur trois lignes, plaça la dixième et la seconde légions à l’aile droite, la huitième et la neuvième