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son camp de la plaine sur les hauteurs, dans une position plus sûre, y laisse une garde ; et, étant sorti à la quatrième veille, passe devant le camp ennemi avec ses troupes et se rend maître de la ville. En même temps il apprit que les légions de Scipion étaient allées plus loin chercher du blé. Mais, comme il s’efforçait de les poursuivre, il aperçut les troupes de Scipion qui s’avançaient à leur secours ; ce qui arrêta sa marche. En s’emparant de Zeta, il fit prisonniers deux chevaliers romains, C. Minucius Réginus, l’un des plus intimes amis de Scipion et commandant de la place, et P. Atrius, membre du conseil d’Utique : il y trouva aussi vingt-deux chameaux du roi qu’il emmena avec lui, quand, après avoir laissé dans cette ville une garnison sous les ordres de son lieutenant Oppius, il reprit le chemin de son camp.

LXIX. Lorsqu’il fut arrivé à peu de distance du camp de Scipion, près duquel il lui fallait passer pour se rendre dans le sien, Labiénus et Afranius, qui étaient en embuscade avec toute leur cavalerie et leurs troupes légères, parurent sur les coteaux voisins et s’avancèrent sur son arrière-garde. Se voyant ainsi attaqué, César leur opposa d’abord sa cavalerie, et aussitôt ordonna à ses légions de mettre leur bagage en un morceau, et de marcher promptement sur l’ennemi. Elles obéirent, et, dès leur premier choc, la cavalerie et les troupes légères de Scipion furent sans peine repoussées et culbutées de dessus la colline. César croyait, qu’après avoir si maltraité les ennemis, ils cesseraient de le harceler ; mais dès qu’il se remit en marche, il les vit aussitôt descendre des coteaux voisins et revenir à la charge contre nos légions ; car il n’est pas croyable. avec quelle vitesse et quelle agilité l’infanterie légère des Numides, mêlée avec leur cavalerie, savait combattre avec elle, la suivre dans l’attaque et dans la retraite. Comme cette manœuvre se renouvelait trop souvent, que l’ennemi ne cessait de nous attaquer dès que nous nous mettions en marche et prenait la fuite dès que nous tenions ferme ; et que, fidèle à ce singulier genre de combat, il se contentait de nous accabler d’une grêle de traits, César comprit qu’il n’avait d’autre but que de l’obliger à camper où l’eau manquait entièrement, afin que ses hommes et ses chevaux, qui n’avaient pris aucune nourriture depuis la quatrième veille jusqu’à la dixième heure du jour, périssent de soif.

LXX. Comme le soleil était près de se coucher, César voyant qu’il n’avait pas fait cent pas en une heure, et que sa cavalerie avait perdu beaucoup de chevaux, la retira de l’arrière-garde et y fit venir alternativement chaque légion. Par ce moyen, sa marche fut plus lente mais plus tranquille, et, avec ses légionnaires, il soutenait mieux les attaques de l’ennemi. Cependant la cavalerie numide s’était saisie des hauteurs, qu’elle couronnait à droite et à gauche, et cherchait à envelopper, par sa multitude, l’armée de César, tandis qu’une partie s’attachait à suivre l’arrière-garde. Mais dès que seulement trois ou quatre de nos soldats vétérans tournaient la tête et lançaient avec vigueur leurs javelots contre les Numides, plus de deux mille prenaient aussitôt la fuite ; puis ils