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ces légions, soutenues de quelques autres de nouvelles levées, formaient, à l’aile droite, une seconde ligne. Il avait porté sa troisième ligne vers son aile gauche, et l’avait prolongée jusqu’à la légion qui était au milieu de son corps de bataille, de façon que son aile gauche formait trois lignes. Ce qui lui avait fait adopter cette disposition, c’est que ses retranchements couvraient son aile droite, tandis que sa gauche avait à soutenir tout l’effort de la nombreuse cavalerie des ennemis ; aussi y jeta-t-il toute la sienne. Et comme il ne comptait pas beaucoup sur elle, il la fit soutenir par la cinquième légion, et l’entremêla d’infanterie légère. Les archers avaient été distribués çà et là sur différents points et surtout aux ailes.

LXI. Les deux armées, ainsi rangées à trois cents pas au plus l’une de l’autre, demeurèrent en présence depuis le matin jusqu’à la dixième heure[1] du jour, sans en venir aux mains, ce qui peut-être ne s’était jamais vu. Déjà César commençait à faire rentrer ses troupes dans les retranchements, quand tout à coup la cavalerie des Numides et des Gétules, que Scipion avait placée en arrière du reste de l’armée, se mit en mouvement vers la droite et marcha sur le camp de César qui était sur la colline, tandis que la cavalerie bridée de Labiénus demeurait à son poste et tenait nos légions en échec. Alors une partie de celle de César, suivie de l’infanterie légère, marcha sans en avoir reçu l’ordre, et imprudemment, contre les Gétules, au-delà d’un marais ; mais elle ne put soutenir l’effort des ennemis beaucoup plus nombreux, et, abandonnée des troupes légères, elle fut repoussée et maltraitée par l’ennemi. Après avoir eu un cavalier tué, beaucoup de chevaux blessés, et après avoir perdu vingt-six hommes d’infanterie légère, elle regagna le reste de l’armée en désordre. Scipion, charmé de cet avantage, fit, sur le soir, rentrer ses troupes au camp. Mais la fortune ne lui laissa pas longtemps cette joie. En effet, le lendemain, une partie de la cavalerie de César, étant allée chercher du blé à Leptis, rencontra en chemin des maraudeurs numides et gétules, tomba sur eux, et en tua ou prit environ une centaine. Pendant ce temps, César ne cessait de conduire ses légions dans la plaine, de les occuper à toute sorte de travaux : par exemple, à creuser un fossé profond à travers la campagne, pour empêcher les excursions des ennemis. De son côté, Scipion se retranchait également, et s’empressait, pour que César ne lui ôtât pas ses communications avec la hauteur. Ainsi, les deux chefs travaillaient à leurs retranchements, et en même temps leur cavalerie se livrait chaque jour des combats.

LXII. Cependant Varus, apprenant que la septième et la huitième légions étaient arrivées de Sicile, fit sortir sa flotte du port d’Utique où il l’avait retirée pendant l’hiver ; et, l’ayant remplie de rameurs et de matelots gétules, il s’avança pour croiser, et arriva à Hadrumète avec cin-

  1. Trois ou quatre heures après midi.