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d’ennemis, plièrent un peu. Mais nous eûmes aussitôt notre tour ; car César ayant fait revenir ses légions qui se retiraient, les mena au secours de ses cavaliers ; et ceux-ci, ranimés par ce renfort, tournèrent bride, et chargeant les Numides qui s’étaient dispersés en nous poursuivant avec ardeur, en tuèrent un grand nombre et les poussèrent jusqu’au camp du roi. Si l’action n’eût pas commencé dans la nuit, et si la poussière que le vent soulevait n’eût pas aveuglé les soldats, Juba et Labiénus seraient tombés au pouvoir de César, et toute leur cavalerie ainsi que leur infanterie légère auraient été détruites. Cependant un nombre incroyable de soldats de la quatrième et de la sixième légion abandonnèrent Scipion et se réfugièrent les uns dans le camp de César, les autres en divers pays, où ils purent. De même, beaucoup de cavaliers de l’armée de Curion, ne se fiant pas à Scipion et à ses troupes, vinrent aussi se rendre à nous.

LIII. Tandis que ces choses se passaient aux environs d’Uzitta, deux légions, la neuvième et la dixième, parties de Sicile sur des vaisseaux de transport, n’étaient plus qu’à une distance peu éloignée du port de Ruspina, lorsque ayant aperçu les vaisseaux de César qui étaient à l’ancre devant Thapsus, et craignant de tomber dans la flotte ennemie qu’elles croyaient placée là en embuscade, elles gagnèrent le large fort mal à propos. Enfin, après plusieurs jours, ayant été longtemps le jouet des vents, mourant de faim et de soif, elles arrivèrent au camp de César.

LIV. Ces légions débarquées, César se souvenant des extorsions et des désordres que certains hommes avaient commis en Italie, saisit le premier prétexte pour les en punir ; et sur ce que C. Aviénus, tribun militaire de la dixième légion, avait, à son départ de Sicile, rempli un vaisseau de provisions, d’esclaves et de chevaux, sans y mettre un seul soldat, dès le lendemain il monta sur son tribunal, et ayant convoqué les tribuns et les centurions de toutes les légions : « Je voudrais bien, dit-il, que certains hommes eussent mis fin à leurs désordres et à leur insolence, et qu’ils n’eussent pas abusé de ma patience, de ma douceur et de ma bonté ; mais puisqu’ils ne gardent ni règle ni mesure, je vais agir contre eux suivant la coutume militaire, afin que d’autres se gardent d’imiter leur conduite. C. Aviénus, parce que tu as soulevé en Italie les soldats du peuple romain contre la république, exercé des rapines dans les villes municipales ; parce que tu as été inutile à la république et à moi ; que tu as rempli mes vaisseaux de tes gens et de tes chevaux, au lieu d’y mettre mes soldats ; et qu’avec cette conduite tu es cause que la république manque de soldats au moment où elle en a besoin : par ces motifs, je te bannis ignominieusement de mon armée, et t’ordonne de partir dès ce jour et au plus tôt de l’Afrique. De même, toi, Aulus Fontéius, tribun des soldats, je te renvoie de l’armée comme séditieux et mauvais citoyen. Et vous, Titus Saliénus, M. Tiro, C. Clusinas, puisque après avoir obtenu un commandement dans mon armée, non par votre courage, mais par pure faveur, vous n’avez montré ni valeur dans la guerre, ni bonnes qua-