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son nom, d’autres par des présents et des promesses ; et dont plusieurs, faits prisonniers lors de la défaite de Curion, et épargnés par le vainqueur, s’étaient dévoués à lui par reconnaissance. Leurs corps, d’une grandeur et d’une beauté remarquables, couverts de blessures, gisaient çà et là étendus dans toute la plaine.

XLI. Le lendemain de cette action, César tira ses cohortes des divers postes où il les avait placées et rangea toutes ses troupes en bataille. Scipion, qui avait eu les siennes maltraitées, blessées ou tuées, se tint d’abord renfermé dans son camp. César disposa son armée au pied des montagnes et s’avança peu à peu à portée des retranchements. Déjà il n’était plus qu’à mille pas de la ville d’Uzitta, où Scipion avait garnison, lorsque celui-ci, craignant de perdre cette place d’où il tirait l’eau et les vivres nécessaires à son armée, fit sortir toutes ses troupes et les rangea selon sa coutume sur quatre lignes, dont la première était divisée par corps de cavalerie et entremêlée d’éléphants chargés de tours et armés. César, ayant vu cela, s’imagina que Scipion venait dans le dessein de le combattre ; mais Scipion s’arrêta devant la ville à l’endroit dont nous avons parlé ci-dessus, couvrit son centre par les remparts, et étendit à droite et à gauche ses ailes où étaient ses éléphants.

XLII. César, après avoir attendu presque jusqu’au coucher du soleil, ne voyant pas bouger Scipion, lequel aimait mieux profiter, au besoin, de l’avantage de sa position que de risquer un combat en rase campagne, ne jugea pas à propos ce jour-là de s’approcher de la ville, qu’il savait occupée par une forte garnison de Numides, et qui d’ailleurs protégeait le centre des ennemis. Il comprit aussi qu’il lui était difficile d’attaquer la place et de soutenir en même temps dans un poste désavantageux l’effort des deux ailes, surtout avec des troupes qui étaient sous les armes depuis le matin et encore à jeun. En conséquence, il les ramena au camp et dès le lendemain il fit pousser ses retranchements plus prés de l’ennemi.

XLIII. Cependant, Considius, à la tête de huit cohortes mercenaires de Numides et de Gétules, assiégeait Acylla où C. Messius commandait avec ses cohortes. Voyant que ses efforts étaient inutiles, et que les assiégés avaient souvent brûlé ses machines et ruiné ses travaux, il n’eut pas plutôt appris le dernier combat de cavalerie, qu’après avoir brûlé le blé dont son camp était abondamment fourni, gâté le vin, l’huile et le reste des vivres, il leva le siège d’Acylla, partagea ses troupes avec Scipion, et traversant le royaume de Juba, se retira à Adrumetum.

XLIV. Pendant ce temps, un vaisseau de transport, de ceux qu’Alliénus avait envoyés de Sicile par le second convoi, et qui portait Q. Cominius et L. Ticida, chevalier romain, s’étant égaré, fut poussé par un coup de vent à Thapsus, où Vergilius le prit au moyen de barques et de vaisseaux