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COMMENTAIRES SUR LA GUERRE D’AFRIQUE(1).

I. César, sans forcer sa marche ni s’arrêter un seul jour, arriva à Lilybée[1] le quatorze des calendes de Janvier[2]. Il montra aussitôt combien il avait hâte de s’embarquer, quoiqu’il n’eût alors qu’une légion de nouvelle levée et à peine six cents chevaux : car il fit dresser sa tente si près de la mer, que les flots venaient presque battre au pied. Son intention était que personne n’espérât de retard, et que chacun fût prêt tous les jours et à toute heure. Le temps était alors contraire et la saison peu propre pour courir la mer ; néanmoins, il retint à bord les matelots et les soldats, afin de ne laisser échapper aucune occasion de partir ; d’autant plus que les habitants ne parlaient que des grandes forces de l’ennemi. Il avait, disait-on, une cavalerie innombrable, quatre légions du roi[3], quantité de troupes armées à la légère, dix légions de Scipion, cent vingt éléphants et plusieurs flottes. César n’en montrait aucune crainte ; il avait toujours même courage et même confiance. Cependant il voyait chaque jour augmenter le nombre de ses galères et de ses vaisseaux de transport ; il lui vint aussi plusieurs légions de nouvelles levées, la cinquième qui était composée de vétérans, et jusqu’à deux mille chevaux.

II. Ayant rassemblé six légions et deux mille chevaux, il embarqua les légions sur les galères à mesure qu’elles arrivaient, et la cavalerie sur des vaisseaux de transport. Il fit ensuite prendre les devants à la plus grande partie de sa flotte, et lui commanda de se rendre à l’île d’Aponiana, peu éloignée de Lilybée. Lui-même, après s’y être arrêté encore quelques jours pour faire vendre à l’encan les biens de quelques habitants, et après avoir donné ses ordres au préteur Alliénus, gouverneur

  1. Aujourd'hui Capoccodo en Sicile.
  2. L'an de Rome 707.
  3. Juba.