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romains : (7) mais que Pharnace sortît du Pont sans retard, qu’il remît en liberté les familles des receveurs du trésor, qu’il restituât aux Romains et aux alliés ce qu’il leur avait enlevé ; (8) alors seulement il pourra lui envoyer les présents et les dons que les généraux de Rome, après la victoire, avaient coutume de recevoir des amis de la république. Pharnace lui avait, en effet, envoyé une couronne d’or. Après cette réponse il congédia les députés.

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(1) Pharnace promit tout sans hésiter, espérant que César, pressé de partir, se hâterait d’ajouter foi à ses promesses, et saisirait une occasion honorable pour aller au plus tôt terminer des affaires plus importantes ; car personne n’ignorait que bien des raisons le rappelaient à Rome. Il se met donc à l’oeuvre lentement, demandant des délais, sollicitant de nouvelles conditions, cherchant en un mot à éluder ses engagements. (2) César reconnut le stratagème et fit alors, par nécessité, ce que, dans la plupart des circonstances, il faisait par goût, c’est-à-dire qu’il en vint aux mains beaucoup plus tôt qu’on ne s’y attendait.

Pharnace et César prennent position à Zéla

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(1) Il y a dans le Pont une ville nommée Zéla, assez forte par sa position, bien que située dans une plaine. Car un tertre naturel et qu’on dirait fait de main d’homme en soutient les murailles de tous côtés. (2) Tout autour de la ville sont un grand nombre de hautes collines entrecoupées de vallons. La plus haute d’entre elles, qui est presque jointe à la ville par des chemins élevés qui vont de l’une à l’autre, est fameuse dans le pays par la victoire que Mithridate remporta sur Triarius, et par l’échec de notre armée : elle n’est guère éloignée de Zéla que de trois mille pas. (3) Ce fut là que Pharnace vint camper avec toutes ses troupes, et il releva les anciennes fortifications de ce poste qui avait été si avantageux à son père.

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(1) César plaça son camp à cinq mille pas de l’ennemi. Voyant que les vallons qui défendaient le camp du roi défendraient aussi le sien à la même distance, pourvu que l’ennemi, qui en était plus rapproché, ne s’en emparât pas le premier, il fit porter des fascines dans les retranchements. (2) Cet ordre ayant été promptement exécuté, la nuit suivante, à la quatrième veille, laissant tout son bagage dans le camp, il part avec toutes ses légions, et, au point du jour, sans que l’ennemi en eût aucun soupçon, il occupa les mêmes lieux où Mithridate avait eu l’avantage sur Triarius. (3) Il y fit alors transporter par les valets de l’armée, les fascines amassées dans le camp ; afin qu’aucun soldat ne quittât les travaux, le nouveau camp n’étant séparé de l’ennemi que par un vallon qui n’avait pas plus de mille pas.

Téméraire attaque de Pharnace

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(1) Lorsque le jour parut, Pharnace, s’étant aperçu de ce qui se passait, rangea toutes ses troupes en bataille devant son camp ; mais le chemin qui le séparait de nous était si difficile que César ne vit d’abord, dans ce mouvement, qu’une manoeuvre indifférente, qui n’avait d’autre but que de