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va le trouver sans hésiter et lui remet ses intérêts entre les mains : Cassius au contraire se tient enfermé dans son camp, soit qu’il crût mériter plus d’égards que Marcellus, soit qu’il craignît que son adversaire, par ses déférences, n’eût déjà prévenu Lépidus contre lui. (3) Lépidus établit son camp devant Ulia et agit de concert avec Marcellus. Il défend tout combat, et invite Cassius à le venir trouver en engageant sa foi qu’il ne lui sera fait aucun mal. (4) Après avoir longtemps hésité sur ce qu’il devait faire et sur la confiance qu’il devait avoir dans la parole de Lépidus, Cassius, ne voyant nulle ressource pour lui, s’il persistait dans son dessein, demanda que les fortifications fussent détruites, et qu’on lui laissât un libre passage. (5) Déjà on était convenu d’une trêve ; déjà on comblait les retranchements d’où les gardes s’étaient éloignées, lorsque les troupes de Bogus vinrent attaquer un des forts de Marcellus, près du camp de ce roi, sans que personne s’y attendît, excepté peut-être Cassius, car on doutait fort de sa loyauté. Beaucoup de soldats furent tués ; (6) et si Lépidus qui accourait, indigné, avec des forces, n’eût promptement arrêté le combat, le mal aurait été plus grand.

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(1) Le passage étant ouvert à Cassius, Marcellus et Lépidus joignirent leur camp et partirent ensemble pour Cordoue, tandis que Cassius prit avec ses troupes le chemin de Carmon. (2) Vers le même temps Trébonius vint en qualité de proconsul pour gouverner la province. Dès que Cassius fut instruit de son arrivée, il mit ses légions et sa cavalerie en quartier d’hiver, ramassa en diligence tout ce qu’il avait, et partit pour Malaca. Il s’y embarqua malgré le mauvais temps, ne voulant pas, disait-il, se mettre à la discrétion de Trébonius, de Lépidus et de Marcellus ; ne voulant pas, disaient ses amis, traverser avec moins d’appareil une province dont une grande partie l’avait abandonné ; mais, selon l’opinion commune, désirant mettre en sûreté le fruit de ses innombrables rapines. (3) Il partit par un temps assez favorable pour la saison. Comme il s’était arrêté à l’embouchure de l’Èbre pour y passer la nuit, il s’éleva peu après une violente tempête malgré laquelle il partit, croyant pouvoir sans péril continuer sa route ; mais porté par le courant rapide du fleuve, et repoussé par les vagues de la mer qui refluaient à l’embouchure, ne pouvant ni avancer ni reculer, il périt avec son vaisseau.

5. César en Asie

Règlement des affaires de Syrie

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(1) Tandis que de l’Égypte César venait en Syrie, il apprit par des citoyens et par des lettres qui arrivaient de Rome, qu’il y avait beaucoup de désordre et de faiblesse dans le gouvernement et que toutes les affaires de la république étaient mal administrées. D’un côté, l’opiniâtreté des tribuns du peuple excitait de funestes séditions ; d’autre part, l’ambition et la mollesse des tribuns militaires et des chefs des légions avaient introduit dans l’armée des nouveautés dangereuses qui énervaient la discipline. Tout cela demandait sa présence. Mais il voulait, avant tout, ne laisser les