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même supplice. (4) Squillus nomme plusieurs complices : Cassius les fait mourir, à la réserve de ceux qui se rachètent à prix d’argent ; (5) car il traite publiquement avec Calpurnius pour dix mille sesterces, et avec Q. Sextius pour cinquante mille. Si ces hommes étaient réellement coupables, Cassius, en leur remettant pour de l’argent la mort et la torture, prouvait bien que son avarice égalait sa cruauté.

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(1) Quelques jours après, il reçut des lettres de César, qui lui apprenaient la défaite de Pompée et sa fuite. (2) À cette nouvelle, il n’éprouva qu’une joie mêlée de chagrin : la victoire lui faisait plaisir, mais la fin de la guerre mettait un terme à sa licence. Il ne savait ce qu’il devait préférer, ou de n’avoir rien à craindre ou de pouvoir tout oser. (3) Quand il fut guéri de ses blessures, il manda tous ceux qui s’étaient engagés à lui payer certaines sommes, et leur enjoignit de les acquitter ; ceux qui lui paraissent s’être imposés trop bas, il les taxe plus haut. (4) En même temps, parmi les nouvelles levées, se trouve-t-il des soldats tirés des colonies ou des villes de la province qu’effraie le service d’outre-mer, il les invite à racheter leur congé. Par là, il se fit un grand revenu ; mais il souleva une haine plus grande encore. (5) Ensuite il passa en revue toute l’armée. Il envoya vers le détroit les légions et les troupes auxiliaires qu’il devait conduire en Afrique ; (6) pour lui, il se rendit à Hispalis, afin d’inspecter la flotte qu’il y faisait équiper. Il y séjourna quelque temps à cause d’une ordonnance qu’il avait publiée dans toute la province, portant que ceux qui n’avaient pas encore payé leur taxe, eussent à se présenter à lui. Cet appel troubla profondément tout le pays.

Mutinerie des légions. Thorius chef des factieux

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(1) Sur ces entrefaites, L. Titius, alors tribun militaire dans la légion espagnole, lui annonce que le bruit court que la trentième légion, commandée par le lieutenant Q. Cassius, et campée près de la place d’Ilipa, s’était révoltée, avait tué quelques centurions qui s’opposaient à ce qu’on déployât les enseignes, et était allé joindre la seconde légion qui marchait vers le détroit par une autre route. (2) Dès qu’il en est instruit, Cassius part de nuit avec cinq cohortes de la vingt unième légion, et arrive le matin à Naeva. Après s’y être arrêté ce jour-là pour voir de quoi il s’agissait, il se dirige sur Carmon. (3) Il y trouve rassemblées la trentième et la vingt unième légions, quatre cohortes de la cinquième et toute la cavalerie, et apprend que les Espagnols ont surpris quatre cohortes près d’Obucula, les ont emmenées avec eux à la seconde légion ; que toutes se sont réunies, et ont choisi pour chef T. Thorius d’Italica. (4) Aussitôt il tient conseil, dépêche Marcellus à Cordoue pour la maintenir dans le devoir, et le lieutenant Q. Cassius à Hispalis. (5) Peu de jours après, on lui rapporte que l’assemblée de Cordoue s’est séparée de son parti, et que Marcellus, soit de gré soit de force (car on en parle diversement), fait cause commune avec ceux de Cordoue : on ajoute que deux cohortes de la cinquième légion, en garnison à Cordoue, ont suivi cet exemple. (6) Furieux de ces