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dessus. (5) La galère d’Octavius lui-même est coulée à fond ; beaucoup d’autres sont prises ou enfoncées, après avoir été percées de l’éperon ; les soldats qui les montent sont égorgés ou précipités dans la mer. (6) Octavius se jette dans une chaloupe ; mais trop de monde s’y étant sauvé avec lui, elle est submergée. Tout blessé qu’il est, il gagne à la nage son bâtiment d’escorte ; (7) et la nuit ayant mis fin au combat, il s’enfuit à force de voiles au milieu d’une tempête, suivi de quelques-uns de ses vaisseaux échappés par hasard.

(1) Après ce succès, Vatinius donna le signal de la retraite, et entra victorieux, avec tous les siens, dans le même port d’où la flotte d’Octavius était sortie pour le combattre. (2) Il lui prit dans cette action une galère à cinq rangs, deux à trois rangs, huit à deux, et un grand nombre de rameurs. Le jour suivant fut employé par lui à radouber ses vaisseaux et ceux qu’il avait pris ; et, le troisième jour, il se dirigea sur l’île d’Issa, où il croyait qu’Octavius se serait réfugié. (3) Il y avait dans cette île une ville très considérable, et très liée à Octavius ; (4) mais à l’arrivée de Vatinius, ses habitants vinrent se rendre en suppliants ; et ils lui apprirent qu’à la faveur d’un bon vent, Octavius avec quelques petits vaisseaux qui lui restaient avait gagné les côtes de la Grèce, d’où il devait passer eu Sicile, puis en Afrique. (5) Ainsi, après avoir terminé en peu de temps cette expédition glorieuse, après avoir pacifié l’Illyrie, qu’il remit à Cornificius, et chassé la flotte ennemie de tout le détroit, Vatinius, vainqueur, se retira à Brindes, avec son armée et sa flotte en bon état.

4. Affaires d’Espagne

Mauvais rapports de Longinus et de ses administrés

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(1)Tandis que César assiégeait Pompée à Dyrrachium, qu’il triomphait à Pharsale et combattait à Alexandrie au milieu des périls que la renommée exagérait encore, Cassius Longinus, qu’il avait laissé en Espagne, en qualité de propréteur, pour gouverner la province ultérieure, soit par sa méchanceté naturelle, soit par ressentiment d’une blessure qu’il avait reçue par trahison dans ce pays pendant qu’il y était questeur, avait amassé contre lui beaucoup de haine. Il avait pu aisément s’en apercevoir, et par sa propre conscience qui le portait à croire que les gens du pays le payaient de retour, et par toute sorte de preuves et de marques que lui en donnaient ces peuples, peu habitués à dissimuler leur mauvais vouloir ; en sorte qu’il désirait opposer à l’aversion de la province l’affection des troupes. (2) Aussi dès qu’il les eut rassemblées, il promit cent sesterces à chaque soldat ; et, peu après, ayant pris Médobrège en Lusitanie, et le mont Herminius, où les habitants de Médobrège s’étaient retirés, comme il y avait été salué imperator, il donna en effet cent sesterces à chacun d’eux. (3) Les nombreuses largesses qu’il ne cessait d’accorder augmentaient en apparence l’attachement de l’armée ; mais au fond elles amenaient peu à peu le relâchement de la discipline.

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(1) Cassius, après avoir mis ses légions en quartiers d’hiver, se rendit à Cordoue pour régler l’administration de la province. Comme il avait contracté beaucoup de dettes dans cette ville, il résolut de les acquitter