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se fut retiré dans ce golfe avec une flotte imposante, Cornificius, avec quelques vaisseaux des Iadestins, peuple qui avait toujours montré un attachement singulier à la république, s’empara des vaisseaux d’Octavius qui s’étaient dispersés, et, les réunissant à ceux des alliés, se mit en état de tenir la mer avec une flotte. (4) D’un autre côté César victorieux, occupé à poursuivre Pompée bien loin de là, ayant appris que plusieurs de ses ennemis avaient, à cause de la proximité des lieux, porté les débris de leurs troupes de Macédoine en Illyrie, écrivit à Gabinius de s’y rendre avec ses légions nouvellement levées, de se joindre à Q. Cornificius, et de pourvoir ensemble à la sûreté de cette province ; et, dans le cas où elle pourrait se passer de tant de troupes, de les mener en Macédoine : (5) car il pensait que, du vivant de Pompée, cette province serait toujours prête à recommencer la guerre.

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(1) Gabinius vint en Illyrie au milieu de l’hiver, dans la plus mauvaise saison de l’année, soit qu’il crût cette province plus riche qu’elle n’était, soit qu’il comptât beaucoup sur la fortune de César, ou qu’il se fiât à son propre courage et à ses talents, qui l’avaient souvent fait sortir avec bonheur des entreprises les plus grandes et les plus hardies : mais il ne trouva point de secours dans cette province, en partie ruinée, en partie mal intentionnée, et les mauvais temps ne lui permettaient pas de tirer des vivres par mer. De sorte que toutes ces difficultés l’obligeaient à faire la guerre, non comme il aurait voulu, mais comme il pouvait. (2) Ainsi forcé, par le besoin des subsistances, d’attaquer dans la saison la plus rude des châteaux et des places fortes, il essuya de fréquents échecs ; et ses mauvais succès le firent si mépriser des Barbares que, comme il se retirait à Salone (ville maritime habitée par de braves et fidèles citoyens romains), ils osèrent l’attaquer dans sa marche et le forcer au combat. (3) Après avoir perdu, dans cette occasion, deux mille soldats, trente-huit centurions et quatre tribuns, il gagna Salone avec le reste des troupes ; et, peu de mois après, dénué de tout, il y mourut de maladie. (4) Ses revers et sa mort soudaine inspirèrent à Octavius un grand espoir de se rendre maître de la province ; mais la Fortune, si puissante à la guerre, l’activité de Cornificius et la valeur de Vatinius eurent bientôt arrêté ces succès.

Arrivée et succès de Vatinius, qui délivre Épidaure

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(1) Vatinius apprit, à Brindes, où il était alors, par de fréquentes lettres de Cornificius qui l’appelaient au secours de l’Illyrie, ce qui s’était passé dans cette province. Sachant que M. Octavius s’était allié avec les Barbares, et qu’en plusieurs endroits il assiégeait nos postes, soit en personne avec sa flotte, soit par terre avec les Barbares ; quoique affaibli par le mauvais état de sa santé, et bien que ses forces ne répondissent pas à son courage, il surmonta, par son énergie, les difficultés de la maladie, de la saison, et les embarras