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en laissant toutefois entre les ailes l’intervalle le plus étroit possible. Le reste des cohortes fut placé en réserve. Les deux armées ainsi rangées, on marcha au combat.

(1) Le signal ayant été donné des deux côtés en même temps, on court les uns contre les autres : le combat s’engage avec une ardeur égale, mais avec des succès divers. D’une part, la trente-sixième légion, qui était tombée sur la cavalerie du roi, en dehors de la tranchée, combattit si heureusement, qu’elle parvint jusqu’aux murs de la ville, traversa le fossé et prit l’ennemi à revers. (2) Mais, d’autre part, la légion du Pont ayant un peu plié, et la seconde ligne ayant voulu tourner le retranchement pour prendre l’ennemi en flanc, elle fut accablée et percée de traits au passage même du fossé. Quant aux légions de Déjotarus, c’est à peine si elles soutinrent le premier choc ; (3) de sorte que les troupes du roi, victorieuses à leur droite et au centre, se portèrent sur la trente-sixième légion. Celle-ci soutint vaillamment l’attaque du vainqueur, bien qu’enveloppée par des forces considérables ; et, avec une rare présence d’esprit, se formant en pelotons, elle gagna le pied des montagnes où Pharnace ne voulut pas la suivre à cause des difficultés du terrain. (4) Ainsi, la légion du Pont ayant péri presque tout entière, et la plus grande partie des soldats de Déjotarus ayant été tués, la trente-sixième légion se porta sur les hauteurs sans avoir perdu plus de deux cent cinquante hommes. (5) Quelques chevaliers romains, d’une grande illustration, périrent aussi dans ce combat, mais, malgré cet échec, Domitius recueillit les débris de son armée et se retira tranquillement par la Cappadoce en Asie.

Pharnace ravage le Pont

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(1) Pharnace, enflé de ce succès et se flattant qu’il en allait de César selon ses voeux, s’empara du Pont avec toutes ses troupes : et là, en vainqueur et en roi cruel, se promettant un sort plus heureux que celui de son père, il détruisit plusieurs villes, pilla les biens des citoyens romains et ceux des habitants, (2) et infligea des supplices plus affreux que la mort à tous ceux qui se distinguaient par leur âge et leur beauté. S’étant ainsi rendu maître du Pont sans avoir éprouvé de résistance, il se vantait d’avoir reconquis le royaume de son père.

3. Affaires d’Illyrie

Situation de l’Illyrie

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(1) Vers le même temps on reçut un échec en Illyrie, province qui, dans les mois antérieurs, avait été conservée non pas seulement sans honte, mais même avec gloire. (2) L’été précédent, César y avait envoyé, avec deux légions, son questeur Q. Cornificius en qualité de propréteur ; et, quoique cette province, peu riche par elle-même, et de plus ruinée par des troubles intérieurs et par le voisinage de la guerre, fût peu en état d’entretenir une armée, cependant Cornificius, par sa prudence, son activité et son extrême réserve, sut la couvrir et la défendre. (3) Il enleva plusieurs châteaux, situés sur des hauteurs, dont les maîtres se prévalaient pour courir la campagne et y porter la guerre : il en abandonna le pillage à ses soldats ; et, quoique le butin fût peu considérable, il ne laissa pourtant pas que d’être agréable à cause de la pauvreté de la province, et surtout parce qu’il était la récompense du courage. De plus, quand, après la journée de Pharsale, Octavius