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pour vaincre et détruire Mithridate, ou tout au moins pour l’arrêter. (3) Or, bien qu’il désirât le vaincre, il lui suffisait de l’empêcher de joindre César. (4) Les premières troupes qui purent passer le fleuve et rencontrer Mithridate, se hâtèrent de l’attaquer pour ne pas avoir à partager avec les autres l’honneur de la victoire. (5) Mithridate, qui avait eu la prudence de se retrancher selon notre coutume, soutint leur choc ; ensuite, quand il les vit approcher des retranchements sans précaution et sans ordre, il fit une sortie générale, et en tua un grand nombre. (6) Et si la connaissance des lieux, ou les vaisseaux sur lesquels ils avaient passé le fleuve, n’eussent sauvé les autres, ils auraient été complètement détruits. (7) Toutefois, remis un peu de leur frayeur, ils se réunirent aux troupes qui les suivaient, et revinrent attaquer Mithridate.

(1) Mithridate envoie avertir César de ce qui s’est passé ; Ptolémée en est également instruit par les siens. L’un et l’autre partent à peu près en même temps ; le roi, pour accabler Mithridate ; César, pour le soutenir. (2) Le roi abrégea sa route en s’embarquant sur le Nil, où il avait une grosse flotte toute prête. César ne voulut pas prendre la même route, dans la crainte d’avoir à combattre sur le fleuve ; mais, prenant un détour par mer le long de cette côte que l’on dit faire partie de l’Afrique, comme nous l’avons remarqué plus haut, il parut à la vue des troupes royales, avant qu’elles n’eussent commencé l’attaque, et joignit Mithridate vainqueur, et son armée intacte. (3) Le roi avait établi son camp sur une hauteur fortifiée par la nature, qui dominait la plaine de toutes parts, et était couverte de trois côtés par différentes sortes de défense. L’un de ces côtés était appuyé au Nil ; l’autre formait la partie la plus élevée de la hauteur ; le troisième était bordé par un marais.

Bataille du Nil

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(1) Entre le camp du roi et le chemin suivi par César, coulait une rivière étroite, mais aux bords escarpés, qui se déchargeait dans le Nil. Elle était éloignée du camp royal d’environ sept mille pas. (2) Quand le roi eut appris que César venait de ce côté, il envoya toute sa cavalerie et l’élite de son infanterie légère, pour l’empêcher de passer la rivière, et l’attaquer de la rive avec avantage ; car, dans cette situation, le courage ne servait de rien et la lâcheté n’avait rien à craindre. (3) Mais nos soldats, cavaliers et fantassins, étaient désespérés de voir les Alexandrins oser tenir si longtemps devant eux. (4) C’est pourquoi les cavaliers Germains, qui étaient allés çà et là chercher un gué, passèrent la rivière à un endroit où les bords en étaient moins escarpés ; et en même temps les légionnaires, après avoir abattu de grands arbres, qu’ils jetèrent d’un bord à l’autre, en les couvrant de terre à la hâte, atteignirent la rive qu’occupaient les ennemis. (5) Ceux-ci craignirent si fort leur attaque, qu’ils cherchèrent leur salut dans la fuite : mais ce fut inutilement ; car peu de fuyards purent gagner le camp du roi ; presque tout le reste fut tué.

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(1) César, après ce brillant succès, ne doutant