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ils voulaient seulement pourvoir à la nécessité présente et se mettre en état de combattre dans le port. Aussi, en peu de jours et contre l’attente générale, ils eurent vingt-deux galères à quatre rangs et cinq à cinq rangs, auxquelles ils en ajoutèrent beaucoup d’autres de moindre importance et découvertes ; et, après les avoir essayées à la rame, dans le port, ils les chargèrent de soldats choisis, et se munirent eux-mêmes de toutes les choses nécessaires pour livrer combat. César n’avait que neuf galères de Rhodes (car des dix qu’on lui avait envoyées, une s’était perdue sur la côte d’Égypte), huit du Pont, cinq de Lycie, douze d’Asie. Dans le nombre il y en avait cinq à cinq rangs, et dix à quatre rangs : le reste était au-dessous de cette grandeur et la plupart découvertes. Néanmoins, se fiant au courage de ses troupes, il se préparait à combattre.

XIV. Quand on en fut venu au point de compter chacun sur ses forces, César fait faire à sa flotte le tour du Phare, et paraît en bataille devant l’ennemi. Il place les Rhodiens à l’aile droite, et ceux du Pont à la gauche. Entre les deux ailes il laisse un espace de quatre cents pas, lequel lui a paru suffisant pour la manœuvre. Derrière cette ligne il place en réserve les autres vaisseaux, désignant expressément à chacun d’eux celui qu’il doit suivre et soutenir. Les Alexandrins, de leur côté, se présentent en bataille avec une égale résolution. Ils placent sur le front vingt-deux galères à quatre rangs, et les autres sur la seconde ligne comme auxiliaires. Ils disposent en outre une grande quantité de petits vaisseaux et de barques remplies de torches et de joncs enduits de soufre, dans l’espoir de nous effrayer par leur nombre, leurs cris et la flamme. Entre les deux flottes se trouvait un passage étroit plein de bancs de sable qui font partie de l’Afrique ; car les Égyptiens ont coutume de dire que la moitié d’Alexandrie appartient à l’Afrique. Chacun attendit assez longtemps quo l’autre le franchît le premier ; parce que celui qui entrerait devait avoir plus de peine à développer sa flotte, et, en cas d’accident, à opérer sa retraite.

XV. Les vaisseaux rhodiens étaient commandés par Euphranor, que sa grandeur d’âme et son courage rendaient plus comparable à nos hommes qu’aux Grecs. Son habileté et sa valeur bien connues l’avaient fait choisir par les Rhodiens pour être à la tête de la flotte. Il s’aperçut de l’hésitation de César : « Tu me parais craindre, dit-il, qu’en entrant le premier dans ces passages, tu ne sois obligé de combattre avant d’avoir pu déployer toute ta flotte. Confie-nous ce soin ; nous soutiendrons le combat sans tromper ton attente, jusqu’à ce que le reste des vaisseaux soit passé. Nous aurions trop de honte et de douleur à voir plus longtemps ces gens-là nous braver en face. » César, après l’avoir encouragé et comblé d’éloges, donne le signal du combat. Quatre vaisseaux rhodiens s’avancent par-delà le détroit ; les Alexandrins les enveloppent et se précipitent sur eux. Les nôtres soutiennent le choc et, par une manœuvre habile, se dégagent ; et ils y mettent tant d’adresse que, malgré l’iné-