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mant que l’ennemi ne viendrait pas l’y chercher.

XI. Il y avait un navire rhodien à la droite de césar, assez éloigné du reste de la flotte. Les ennemis, l’ayant aperçu, ne purent se contenir, et quatre vaisseaux pontés, ainsi que plusieurs barques découvertes, vinrent fondre sur lui impétueusement. César fut obligé d’aller à son secours pour ne pas recevoir en sa présence un honteux affront, quoique, si un malheur lui fût arrivé, il l’eût regardé comme bien mérité. Le combat s’engagea avec une grande vigueur de la part des Rhodiens, qui, s’étant toujours distingués dans les combats de mer par leur habileté et leur courage, n’hésitèrent pas à soutenir tout le poids de l’action, surtout dans cette circonstance, afin qu’on ne pût pas dire que c’était par leur faute qu’on eût reçu un échec. Aussi, le combat fut-il très heureux. On prit à l’ennemi une galère à quatre rangs, une autre fut coulée à fond, deux autres complètement dégarnies ; en outre, un grand nombre d’hommes furent tués sur les autres vaisseaux. Si la nuit n’eût mis fin au combat, César se serait emparé de toute la flotte. Ce revers ayant consterné les ennemis, et le vent contraire s’étant adouci, César ramena dans Alexandrie ses vaisseaux de transport, remorqués par sa flotte victorieuse.

XII. Ce qui désespéra surtout les Alexandrins, c’est qu’ils se voyaient vaincus, non par le courage de nos soldats, mais par la seule adresse de nos matelots…… (4) Ils résolurent de se défendre du haut des édifices, et firent des retranchements avec tout ce qu’ils purent trouver, tant ils avaient peur que notre flotte ne vînt les attaquer jusque sur terre. Cependant, lorsque Ganymède eut promis, dans le conseil, de remplacer les vaisseaux qu’on avait perdus, et même d’en augmenter le nombre, ils se mirent à travailler avec ardeur, et à radouber les vieux vaisseaux avec plus de zèle et de confiance que jamais ; et quoiqu’ils en eussent perdu plus de cent dix, soit dans le port, soit dans les arsenaux, ils ne renoncèrent pas au projet de recomposer leur flotte ; car ils voyaient bien que, s’ils étaient les plus forts sur mer, ils empêcheraient César de recevoir ni vivres ni secours. D’ailleurs, habitués à la navigation, nés dans une ville et dans un pays maritimes, exercés dès l’enfance à la vie de mer, ils désiraient recourir à cet élément qu’ils considéraient comme un bien naturel et domestique, et ils sentaient l’avantage qu’ils auraient avec leurs petits vaisseaux. Aussi s’appliquèrent-ils de tout cœur à préparer leur flotte.

XIII. Il y avait à toutes les bouches du Nil des vaisseaux placés là pour exiger les droits d’entrée. Il y avait aussi, au fond de l’arsenal royal, de vieux bâtiments qui n’avaient point servi depuis plusieurs années. On radouba ces derniers, et l’on fit venir les autres à Alexandrie. On manquait de rames ; les portiques, les gymnases, les édifices publics furent découverts, et l’on eut des rames avec la charpente : l’industrie naturelle des habitants et la richesse de la ville suppléèrent à tout. Il ne s’agissait pas d’ailleurs d’une longue navigation ;