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que le roi Ptolémée et Cléopâtre, sa sœur, licenciassent leurs armées et vinssent discuter devant lui leur querelle, au lieu de la décider entre eux par les armes.

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(1) L’administration du royaume avait été confiée, à cause de l’extrême jeunesse du roi, à l’eunuque Pothin, son gouverneur. Cet homme commença par se plaindre avec colère à ses amis que le roi fût cité pour plaider sa cause ; (2) ensuite, ayant trouvé parmi les favoris du roi des gens de son avis et disposés à le seconder, il appela secrètement l’armée de Pélusium à Alexandrie, et en donna le commandement à ce même Achillas dont on a parlé. (3) Après l’avoir bien excité par toutes les promesses qu’il lui fit, tant au nom du roi qu’au sien propre, il l’instruisit par lettres et par message de ses intentions. (4) Ptolémée le père avait, dans son testament, désigné pour ses héritiers l’aîné de ses deux fils et la plus âgée de ses deux filles ; (5) et, par le même testament, il conjurait le peuple romain, au nom de tous les dieux et de l’alliance qu’il avait contractée avec lui, de faire observer ces dispositions. (6) Une copie de ce testament avait été apportée à Rome par ses ambassadeurs, pour être déposée dans le trésor public ; et, comme les troubles domestiques ne l’avaient pas permis, elle avait été confiée à Pompée. Une autre copie, absolument semblable, avait été laissée à Alexandrie ; c’était celle-là qu’on produisait.

L’armée égyptienne marche contre César

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(1) Tandis que cette affaire se traitait devant César, et qu’il tâchait, autant que possible, de terminer à l’amiable et à la satisfaction commune la querelle des deux rois, on lui annonce tout à coup que l’armée et la cavalerie royale arrivent à Alexandrie. (2) César n’avait pas assez de troupes pour risquer une bataille hors des murs ; il ne lui restait d’autre parti que de garder le poste qu’il occupait dans la ville, jusqu’à ce que les intentions d’Achillas lui fussent connues. (3) Cependant il fit prendre les armes à tous ses soldats, et exhorta le roi à députer vers Achillas quelques personnages des plus accrédités, pour lui faire savoir sa volonté. (4) Ce prince envoya vers Achillas Dioscoridès et Sérapion, qui avaient été ambassadeurs à Rome et qui avaient été en grand crédit auprès de Ptolémée le père. (5) Dès qu’ils parurent, Achillas, sans vouloir rien entendre, les fit saisir et massacrer : l’un, frappé et laissé pour mort, fut emporté par les siens ; l’autre périt sur la place. (6) Sur cela, César se rendit maître de la personne du roi, persuadé que son nom serait d’un grand poids auprès de ses sujets, et voulant montrer ainsi que la guerre était entreprise par quelques misérables, et non par l’ordre du roi.

Composition de cette armée

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(1) Les troupes que commandait Achillas n’étaient pas à mépriser, soit à cause de leur nombre, soit par leur courage et leur expérience. (2) Il avait sous les armes vingt mille hommes. C’étaient des soldats de Gabinius : accoutumés alors à la vie et aux mœurs d’Alexandrie, ils avaient perdu le souvenir du peuple romain et de sa discipline ; ils s’étaient mariés, et la plupart avaient des enfants. (3) À eux s’était joint un ramassis de voleurs et de brigands, de Syrie, de Cilicie et des pays voisins, sans compter une foule de gens condamnés à mort et