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postes." (6) Cela dit, il se retira au prétoire, désespérant du succès, et néanmoins attendant l’événement.

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(1) Après avoir forcé les ennemis en déroute de se jeter dans leurs retranchements, César, persuadé qu’il ne devait pas leur donner le temps de se remettre, exhorta les soldats à profiter de leur avantage et à attaquer le camp ; (2) et ceux-ci, bien qu’accablés par la chaleur, car le combat s’était prolongé jusqu’au milieu du jour, ne refusèrent aucune fatigue et obéirent. (3) Le camp fut d’abord fort bien défendu par les cohortes qui en avaient la garde, et surtout par les Thraces et les Barbares ; (4) car, pour les soldats qui avaient fui de la bataille, pleins de frayeur et accablés de fatigue, ils avaient jeté leurs armes, leurs enseignes, et songeaient bien plus à se sauver qu’à défendre le camp. (5) Bientôt même ceux qui avaient tenu bon sur le retranchement, ne purent résister à une nuée de traits ; couverts de blessures, ils abandonnèrent la place, et, conduits par leurs centurions et leurs tribuns, il se réfugièrent sur les hauteurs voisines du camp.

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(1) On trouva dans le camp de Pompée des tables à trois lits dressés, des buffets chargés d’argenterie, des tentes couvertes de gazon frais, quelques-unes même, comme celle de L. Lentulus et de quelques autres, décorées de lierre, et beaucoup d’autres choses qui annonçaient à la fois une recherche excessive et l’espoir de la victoire. Il était facile de voir qu’ils ne doutaient nullement du succès de la journée, puisqu’ils se permettaient ce luxe frivole. (2) Et cependant ils ne craignaient pas d’accuser de mollesse cette armée de César, si pauvre et si forte, à laquelle les choses les plus nécessaires avaient toujours manqué. (3) Pompée, dès qu’il nous vit franchir ses retranchements, monta sur le premier cheval qu’il trouva, dépouillé des insignes du commandement, s’échappa par la porte décumane, et courut à toute bride jusqu’à Larissa. (4) Il ne s’y arrêta point ; mais, ayant rassemblé, avec la même célérité, quelques-uns de ses fuyards, il courut toute la nuit, accompagné d’une trentaine de cavaliers, arriva à la mer, et monta sur un vaisseau de transport ; se plaignant, à plusieurs reprises, à ce qu’on a dit, de s’être si étrangement abusé, qu’il s’était vu en quelque sorte trahi par ceux-là mêmes de qui il attendait la victoire, et qui avaient été les premiers à fuir.

Poursuite des débris de l’armée pompéienne. Leur capitulation

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(1) César, maître du camp, engagea les soldats à laisser le pillage et à compléter le succès. (2) Ayant obtenu ce qu’il demandait, il fit tirer une ligne autour de la colline où les troupes de Pompée s’étaient réfugiées. Celles-ci, ne trouvant pas la position favorable, parce qu’il n’y avait pas d’eau, l’abandonnèrent d’elles-mêmes, et voulurent se retirer sur Larisa. (3) César se douta de ce projet ; il partagea ses troupes, en laissa une partie dans son camp, une autre dans le camp de Pompée, prit avec lui quatre légions, courut au-devant de l’ennemi par un chemin plus commode, et, arrivé à une distance de six mille pas, rangea ses troupes en bataille. (4) À cette vue, les gens de Pompée s’arrêtèrent sur une montagne, au pied de