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celui de Pompée ; mais les jours suivants il s’avança davantage et vint vers les hauteurs que l’ennemi occupait. Par cette manœuvre il avait relevé de jour en jour la confiance de l’armée. (3) Il conservait cependant pour sa cavalerie la méthode dont nous avons parlé plus haut ; c’est-à-dire que, comme elle était de beaucoup inférieure en nombre, il mêlait parmi elle, pour le combat, des fantassins jeunes et agiles, choisis dans les premiers rangs, et qu’une habitude journalière avait familiarisés avec ce genre de manœuvre. (4) Il avait par là obtenu que, dans l’occasion, mille de ses cavaliers ne craignissent point de soutenir en plaine le choc de sept mille cavaliers de Pompée, et qu’ils ne fussent pas trop étonnés par le nombre. (5) Ils leur livrèrent même à ce jour-là un combat où ils eurent l’avantage, et dans lequel ils tuèrent, avec plusieurs autres, l’Allobroge Écus, un de ces deux frères que nous avons vus passer au parti de Pompée.

Bataille de Pharsale. Les préliminaires

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(1) Pompée, qui avait son camp sur une hauteur, se bornait à ranger ses troupes en bataille, au pied de la colline, attendant sans doute que César s’engageât dans quelque poste désavantageux. (2) César pensant qu’il ne pourrait jamais attirer Pompée au combat, crut que le mieux pour lui était de décamper et d’être toujours en marche ; il espérait qu’en ne cessant de changer de camp et de parcourir le pays, il aurait plus de facilités à avoir des vivres ; que chemin faisant il trouverait peut-être quelque bonne occasion d’en venir aux mains ; ou que du moins il épuiserait par ce mouvement continuel l’armée ennemie, peu accoutumée à la fatigue. (3) Ce parti pris, le signal du départ donné et les tentes pliées, César s’aperçut que l’armée ennemie, contre sa coutume, venait de s’avancer un peu plus hors des retranchements, et qu’il pourrait la combattre sans désavantage. (4) Alors s’adressant à ses troupes, qui déjà étaient aux portes du camp : "Il faut, dit-il, différer pour le moment notre départ, et songer au combat, si, comme nous l’avons toujours souhaité, nous sommes prêts à en venir aux mains : il ne nous sera pas facile de trouver plus tard une semblable occasion." Et aussitôt il fait marcher ses troupes en avant.

Discours de Pompée

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(1) Pompée, de son côté, comme on le sut depuis, cédant aux instances des siens, s’était déterminé à livrer bataille. Il avait même dit, quelques jours auparavant, en plein conseil, que l’armée de César serait défaite avant qu’on en vînt aux mains. (2) Et comme, à ces paroles, la plupart s’étonnaient : "Je sais, dit-il, qu’en cela je promets une chose presque incroyable ; mais écoutez mon dessein, et vous marcherez avec plus d’assurance à l’ennemi. (3) D’après mes conseils, notre cavalerie s’est engagée, lorsqu’elle serait à portée de l’aile droite de l’ennemi, à la prendre en flanc, afin que, l’infanterie l’enveloppant par derrière, l’armée de César soit mise en déroute avant que nous ayons lancé un seul trait. (4) Ainsi nous terminerons la guerre sans exposer les légions et presque