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rien qui l’embarrassât. Il agit de même les jours suivants. (2) Par ce moyen, il ne reçut aucun échec, ni au passage des rivières les plus profondes, ni dans les chemins les plus difficiles. (3) Pompée ne put regagner le temps perdu à la première journée, malgré ses marches forcées, et quoiqu’il le désirât beaucoup ; le quatrième jour il cessa de nous suivre et crut devoir prendre un autre parti.

Situation des deux adversaires. César cherche à rejoindre Domitius

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(1) Il était nécessaire que César se rendît à Apollonia pour y déposer ses blessés, payer les troupes, raffermir ses alliés, et mettre des garnisons dans les villes. (2) Il employa à cela le moins de temps qu’il put, afin de ne pas trop retarder sa marche ; et, craignant que Pompée ne le prévînt et ne tombât sur Domitius, il faisait, pour le joindre, la plus grande diligence. (3) Or, voici les motifs qui déterminaient César. Si Pompée prenait le même chemin que lui, il l’éloignait de la mer et de Dyrrachium où il avait le reste de ses troupes ainsi que ses munitions et ses vivres, et le forçait à lutter à chances égales ; s’il passait en Italie, César se réunissait à Domitius et marchait par l’Illyrie au secours de cette contrée ; s’il voulait assiéger Apollonia et Oricum, et lui ôter toute communication avec la côte, César se tournait contre Scipion, et obligeait ainsi Pompée à venir lui porter secours. (4) En conséquence il dépêcha vers Domitius pour lui faire connaître ses intentions, et, laissant quatre cohortes à Apollonia, une à Lissus, et trois à Oricum avec les blessés, il prit sa marche par l’Épire et l’Athamanie. (5) Cependant Pompée, se doutant du projet de César, crut devoir se hâter d’aller secourir Scipion, en cas que César se portât de ce côté ; si, au contraire, César persistait à ne pas quitter la côte et le voisinage d’Oricum, à cause des légions et des chevaux qu’il attendait d’Italie, il se proposait de fondre sur Domitius avec toutes ses forces.

César fait sa jonction avec Domitius

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(1) Ainsi chacun d’eux avait des motifs de se hâter, soit pour secourir les siens, soit pour ne pas laisser échapper l’occasion d’écraser son ennemi. (2) Mais César avait été obligé d’aller à Apollonia, ce qui l’avait détourné de son chemin ; tandis que par la Candavie Pompée allait droit en Macédoine. (3) En outre, par un contretemps imprévu, Domitius, après avoir eu plusieurs jours son camp tout près de celui de Scipion, avait été obligé de s’éloigner faute de vivres, et marchait sur Héraclée, ville voisine de la Candavie ; en sorte que la fortune elle-même semblait l’exposer aux coups de Pompée. (4) César ignorait encore cette circonstance. De plus, les lettres envoyées par Pompée dans toutes les provinces et les villes avaient grossi outre mesure le succès de Dyrrachium : le bruit courait que César, après avoir perdu presque toutes ses troupes, fuyait devant Pompée. Ces bruits avaient rendu les chemins peu sûrs et détaché quelques villes de son parti ; (5) d’où il arriva que plusieurs courriers, que César et Domitius s’étaient réciproquement envoyés, ne purent achever leur route. (6) Heureusement quelques Allobroges, amis de Roucillus et d’Écus,