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et comblaient le fossé de fascines ; en même temps les légionnaires tâchaient d’escalader le rempart intérieur, et intimidaient les nôtres avec des machines de toute sorte ; cependant une multitude d’archers faisait pleuvoir sur nous des deux côtés une grêle de flèches. (7) Nous n’avions pour armes que des pierres ; et les tissus d’osier dont ils avaient recouvert leurs casques les en garantissait presque entièrement. (8) Ainsi nos soldats étaient accablés et ne se défendaient qu’avec peine, lorsque les ennemis, ayant remarqué le défaut de fortification dont nous avons parlé, débarquèrent entre les deux retranchements, là où les ouvrages n’étaient pas terminés, prirent nos soldats en queue, et, après les avoir rejetés hors des remparts, les forcèrent à tourner le dos.

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(1) Averti de ce désordre, Marcellinus envoie quelques cohortes à leur secours ; mais celles-ci ayant aperçu les fuyards ne purent ni les retenir par leur présence, ni soutenir seules le choc de l’ennemi. (2) En un mot, toutes les troupes qu’on envoyait, entraînées elles-mêmes dans la déroute, ne servaient qu’à augmenter l’épouvante et le danger, et ce grand nombre d’hommes ne faisait qu’embarrasser la retraite. (3) Dans ce combat, le porte aigle, blessé à mort et sentant ses forces défaillir, se tourne vers nos cavaliers : "Tant que j’ai vécu, dit-il, j’ai pendant plusieurs années soigneusement défendu cette aigle ; et à présent que je meurs, je la remets avec la même fidélité à César. Ne souffrez pas, je vous en conjure, que l’honneur de nos armes reçoive un affront inconnu jusqu’ici dans son armée et remettez-la intacte entre ses mains." (4) C’est ainsi que l’aigle fut sauvée ; mais tous les centurions de la première cohorte périrent, hormis le premier.

Antoine contient l’ennemi. César constate que Pompée a percé

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(1) Déjà les soldats de Pompée, après avoir fait un grand carnage des nôtres, approchaient du camp de Marcellinus et répandaient l’épouvante parmi le reste de nos troupes, lorsqu’on vit M. Antoine, qui commandait le poste le plus voisin, descendre d’une hauteur avec douze cohortes. Son arrivée arrêta l’ennemi, ranima les nôtres, et les fit revenir de leur extrême frayeur. (2) Peu de temps après, César, averti selon l’usage par la fumée des feux qu’on alluma aussitôt dans tous les forts, se rendit lui-même sur ce point avec quelques cohortes qu’il avait tirées des postes voisins. (3) Après avoir reconnu le dommage, il s’aperçut que Pompée était sorti de ses retranchements et avait établi son camp le long de la mer, tant pour avoir le fourrage libre, qu’afin de pouvoir communiquer avec sa flotte ; changeant alors de dessein, son premier plan ayant manqué, il alla se retrancher près de Pompée.

Une légion de Pompée occupe un ancien camp

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(1) Les retranchements de ce camp achevés, les espions de César lui rapportèrent qu’un certain nombre de cohortes pouvant former une légion étaient derrière le bois, et qu’on les menait dans l’ancien camp. (2) Voici quelle était la position des deux armées. Les jours précédents, la neuvième légion de César s’étant opposée aux troupes de Pompée, et retranchée, comme on l’a dit, sur une hauteur voisine, y avait établi son camp. (3) Ce camp touchait à un bois et n’était éloigné de la mer