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soumission de l’Étolie, de l’Acarnanie et des Amphilochi, César eut l’idée de s’étendre plus avant et de faire une tentative sur l’Achaïe. (2) Il y envoya donc Q. Fufius Calénus et lui adjoignit Sabinus et Cassius avec leurs cohortes. (3) Informé de leur marche, Rutilius Lupus, qui commandait pour Pompée en Achaïe, travailla à fortifier l’isthme pour en fermer l’entrée à Fufius. (4) Cependant Delphes, Thèbes, Orchomène se rendirent d’elles-mêmes à lui. Il emporta de force quelques villes et, pour les autres, il leur envoya des députés, afin de les attirer au parti de César. Tels étaient ses principaux soins.

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(1) Tandis que ces choses se passaient en Achaïe et à Dyrrachium, comme on ne pouvait plus douter de l’arrivée de Scipion en Macédoine, César, qui n’avait point perdu de vue son premier dessein, lui dépêcha A. Clodius, leur ami commun, que Scipion lui avait autrefois donné et recommandé, et que depuis César avait reçu au nombre de ses plus familiers amis. (2) Il lui donna des lettres et des ordres dont voici la substance : que jusqu’alors César avait tout tenté pour avoir la paix ; que sans doute il devait attribuer l’inutilité de ses démarches à la faute de ses envoyés, qui avaient redouté de prendre mal leur temps pour conférer avec Pompée ; (3) que Scipion avait assez de crédit pour proposer librement ce qu’il jugeait convenable, et même pour forcer la main à Pompée et le redresser s’il avait tort ; que, d’ailleurs, étant à la tête d’une armée qui ne reconnaissait que ses ordres, il avait, outre l’autorité de son nom, le pouvoir de se faire écouter ; (4) et que s’il se conduisait ainsi, il aurait la gloire d’avoir assuré le repos de l’Italie, la paix des provinces, et le salut de l’empire. (5) Telles étaient les instructions avec lesquelles Clodius alla trouver Scipion. Les premiers jours, on parut l’écouter assez volontiers ; mais bientôt on refusa de l’entendre et nous sûmes après la guerre que Scipion avait été fortement réprimandé par Favonius pour lui avoir donné audience. Clodius revint donc vers César sans avoir rien fait.

La situation de Pompée s’aggrave

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(1) César, pour mieux resserrer la cavalerie de Pompée à Dyrrachium et l’empêcher d’aller au fourrage, fortifia avec soin les deux passages étroits dont on a parlé, et y fit construire des forts. (2) Pompée voyant que sa cavalerie ne lui était d’aucun secours la rembarqua quelques jours après et la renvoya au camp. (3) On y manquait absolument de fourrage ; c’était au point qu’on nourrissait les chevaux de feuilles d’arbre, et de racines tendres de roseau qu’on avait pilées : car tous les grains semés