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au bien des affaires. (5) Sylla, laissé par César à la garde du camp, fut content d’avoir dégagé les troupes, et ne voulut pas combattre (ce qui pourtant aurait peut-être réussi), de peur de paraître s’arroger le pouvoir du général. (6) La retraite présentait pour l’ennemi de grandes difficultés. En effet, sorti d’un mauvais poste, il avait gagné la hauteur : il ne pouvait en descendre pour se retirer, sans craindre d’être assailli par les nôtres qui auraient l’avantage du terrain : et le soleil était près de se coucher ; car, dans l’espoir de terminer l’affaire, on avait combattu presque jusqu’au soir. (7) C’est pourquoi, prenant conseil des circonstances et de la nécessité, Pompée se saisit d’une hauteur assez éloignée de notre fort pour que nos traits ou nos machines ne pussent y atteindre. Il s’arrêta dans cet endroit, s’y retrancha et y fit camper toutes ses troupes.

(1) Il se livra en ce même temps deux autres combats ; car, pour faire diversion, Pompée avait fait attaquer à la fois plusieurs de nos forts, afin que nos quartiers ne pussent se secourir les uns les autres. (2) Dans une de ces attaques, Volcacius Tullus soutint avec trois cohortes l’effort de toute une légion et la repoussa ; dans l’autre, les Germains, étant sortis de nos retranchements, et ayant tué beaucoup d’ennemis, rentrèrent au camp sans perte.

Résultats de ces combats

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(1) Il y eut donc six combats le même jour, trois à Dyrrachium et trois aux retranchements ; et, de compte fait, il se trouva que Pompée devait avoir perdu deux mille hommes, parmi lesquels beaucoup de vétérans et de centurions. De ce nombre fut L. Valérius Flaccus, fils de Lucius Valérius qui avait été préteur en Asie. Nos soldats rapportèrent six enseignes, (2) et dans ces divers combats nous ne perdîmes que vingt hommes. (3) Mais dans le fort il n’y eut pas un soldat qui ne fût blessé, et il y eut dans une seule cohorte quatre centurions qui perdirent les yeux. (4) Lorsque les soldats voulurent prouver à César les travaux et les périls par où ils avaient passé, ils lui présentèrent près de trente mille flèches ramassées dans le fort, et on lui montra le bouclier du centurion Scéva, qui était percé de cent vingt coups. (5) César, pour le récompenser, tant en son nom qu’au nom de la république, lui fit présent de douze cents sesterces, et du huitième rang l’éleva au premier ; car, de l’aveu de tous, c’était à lui qu’on devait en grande partie la conservation du fort. Quant aux soldats de la cohorte, César leur donna double paie, double ration de blé et de nombreuses récompenses militaires.

Pompée se replie sur ses positions

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(1) Pompée passa la nuit à se fortifier dans ses retranchements. Les jours suivants il fit construire des tours ; et, ayant élevé les ouvrages à une hauteur de quinze pieds, il couvrit de parapets cette partie de son camp. (2) Cinq jours après, profitant d’une nuit obscure, il en fit fermer toutes les portes et embarrasser toutes les avenues ; puis, vers la troisième veille ; il emmena ses troupes en silence, et rentra dans son ancienne position.

César offre la bataille

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(1) Tous les jours suivants, César rangea ses troupes dans la plaine et présenta bataille à Pompée : il approchait si près des retranchements ennemis, que sa première ligne n’en était guère éloignée qu’à une portée de trait. (2) Pompée, de son côté, pour conserver sa réputation et se maintenir dans l’opinion des hommes, rangeait aussi ses troupes devant son camp, mais de telle sorte que sa troisième ligne touchait à ses retranchements, et que toute son armée pouvait être défendue par les traits lancés du rempart.

Fufius Calénus en Achaïe

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(1) Lorsque Cassius Longinus et Calvisius Sabinus eurent reçu, comme il a été dit plus haut, la