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roi Cotys, qui avait accoutumé de rôder autour de la Thessalie, partit à la vue du camp de Cassius. (5) Celui-ci, effrayé de voir cette cavalerie qu’il croyait celle de Scipion, dont il savait l’arrivée, gagna les montagnes qui ceignent la Thessalie et marcha de là vers Ambracie. (6) Scipion se pressait de le suivre, lorsqu’il apprit, par des lettres de M. Favonius, que Domitius était arrivé avec ses légions, et que lui Favonius ne pouvait tenir sans secours. (7) À cette nouvelle Scipion change de chemin et de projet ; il cesse de suivre Cassius, et se hâte d’aller secourir Favonius. (8) Aussi, après avoir marché jour et nuit, il arriva si à propos que ses coureurs se montrèrent au moment même où l’on aperçut la poussière soulevée par l’armée de Domitius. Ainsi Cassius dut son salut à l’habileté de Domitius, et Favonius dut le sien à la diligence de Scipion.

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(1) Scipion demeura deux jours campé sur la rivière qui coulait entre son camp et celui de Domitius ; le troisième, au point du jour, il traversa à gué l’Aliacmon, campa de ce côté, et le lendemain rangea ses troupes en bataille à la tête du camp. (2) Domitius, alors, résolut, lui aussi, de former ses légions et de combattre. Comme il y avait entre les deux armées une plaine d’environ six mille pas, Domitius s’approcha du camp de Scipion ; mais celui-ci ne voulut jamais s’éloigner de ses retranchements. (3) Domitius eut beaucoup de peine à empêcher ses troupes d’attaquer ; toutefois il en vint à bout, secondé par un ravin profond qui couvrait le camp de Scipion et en rendait l’accès impossible. (4) Témoin de l’ardeur de nos troupes et de leur empressement à combattre, Scipion craignit d’être obligé le lendemain de livrer bataille contre son gré, ou de se tenir honteusement renfermé dans son camp, après avoir donné en venant une si haute idée de lui ; sa démarche téméraire finit par une retraite déshonorante ; il repassa le fleuve de nuit, sans même avoir fait sonner le départ, retourna au même lieu d’où il était venu, et campa près du fleuve sur une hauteur. (5) Quelques jours après, il dressa, la nuit, une embuscade de cavalerie dans un endroit où les nôtres avaient coutume d’aller au fourrage. Q. Varus, commandant de la cavalerie de Domitius, y étant venu à l’ordinaire, ils se montrèrent tout à coup ; (6) mais nos soldats soutinrent bravement le choc, reprirent bientôt chacun son rang, et tombèrent tous ensemble sur l’ennemi. (7) Ils en tuèrent environ quatre-vingts, mirent le reste en fuite, et rentrèrent dans le camp en ayant perdu deux hommes.

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(1) Sur ces entrefaites, Domitius espérant attirer Scipion au combat, feignit d’être obligé de décamper faute de vivres ; il donna le signal du départ, selon la coutume militaire, et alla cacher sa cavalerie et ses légions dans un poste avantageux et couvert, qui n’était qu’à trois mille pas. (2) Scipion, qui était disposé à le suivre, envoya à la découverte sa cavalerie et une grande partie de son infanterie légère, pour reconnaître la route ; (3) à peine les premiers escadrons furent-ils arrivés à l’embuscade que le hennissement