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bien que les choses restassent en état ; que ce n’était pas là un obstacle. (5) Libon ne voulut ni se charger des députés de César, ni se porter leur garant, et il renvoya toute l’affaire à Pompée ; il n’insista que sur la suspension d’armes et la sollicita vivement. (6) César, comprenant qu’ils n’avaient eu d’autre but, en demandant cet entretien, que de se soustraire au danger et à la détresse où ils se trouvaient, et qu’ils n’offraient aucune condition qui pût faire espérer un accommodement, ne songea plus qu’à continuer la guerre.

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(1) Bibulus n’avait pu, depuis longtemps, mettre pied à terre, et souffrait beaucoup du froid et des fatigues ; ne pouvant pas se faire soigner, et ne voulant pas quitter son poste, il succomba enfin à la force du mal. (2) Après sa mort, personne n’eut le commandement en chef ; chacun gouverna à son gré la partie de la flotte qu’il avait sous ses ordres. (3) Vibullius, après avoir laissé se calmer le premier trouble causé par l’arrivée imprévue de César, voulut remplir la mission que celui-ci lui avait confiée ; mais à peine en eut-il dit quelques mots en présence de Libon, de L. Luccéius et de Théophanès, auxquels Pompée avait coutume de communiquer les affaires les plus importantes, (4) que ce dernier l’interrompit et le fit taire : "Qu’ai-je besoin, dit-il, de Rome ou de la vie, s’il faut que je paraisse en être redevable à la générosité de César ? N’aurais-je pas l’air en effet, après avoir quitté l’Italie, d’y être ramené comme par grâce ? (5) La guerre achevée, César apprit ce discours de ceux-là même qui l’avaient entendu. Il ne laissa pas toutefois de tenter d’autres voies d’accommodement.

Nouveaux efforts inutiles de César pour négocier la paix

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(1) Les deux camps de César et de Pompée n’étaient séparés que par l’Apsus ; les soldats des deux armées se parlaient souvent les uns aux autres ; et, par suite d’un accord mutuel, jamais aucun trait n’était lancé durant ces pourparlers. (2) César envoya sur le bord même du fleuve P. Vatinius, un de ses lieutenants, avec ordre de faire ce qu’il croirait le plus capable de procurer la paix, et de demander à plusieurs reprises et à haute voix : "S’il ne serait pas permis aux citoyens d’envoyer à leurs concitoyens deux députés pour traiter de la paix ; ce qui n’avait pas été refusé aux fugitifs des monts Pyrénées, et à des pirates, surtout quand il s’agissait d’empêcher des citoyens de s’entr’égorger ? " (3) Il parla ainsi d’une manière suppliante, telle qu’il convenait à un homme occupé du salut public et du sien propre, et les soldats des deux partis l’écoutèrent en silence. (4) On répondit de l’autre rive que Aulus Varron promettait de se rendre le lendemain à l’entrevue ; en même temps l’on convint du lieu où les députés pourraient, de part et d’autre, être envoyés en toute sûreté, et proposer ce qu’ils jugeraient convenable : l’heure de l’entretien fut également fixée. (5) Le lendemain on accourut en foule des deux côtés à l’endroit convenu ; tous les esprits étaient dans l’attente et paraissaient incliner à la paix. (6) T. Labienus, sortant de la foule, parle avec douceur sur la paix, et commence à en discuter les conditions avec Vatinius. (7) Mais, au milieu de leur entretien, ils sont tout à coup interrompus