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ils n’eurent d’autre ressource que de recueillir la rosée de la nuit sur les peaux dont les vaisseaux étaient couverts. (5) Cependant ils supportaient toutes ces incommodités avec courage et résignation, sans se relâcher en rien de la garde du rivage et du blocus des ports. (6) Mais tandis qu’ils étaient dans cette extrémité, Libon fit sa jonction avec Bibulus, et de dessus leurs vaisseaux ils s’adressèrent tous deux à M. Acilius et à Statius Murcus, lieutenants de César, dont l’un commandait dans la ville, et l’autre sur la côte, leur témoignant qu’ils désiraient qu’on leur permît de parler à César de choses très importantes. À cela, pour montrer que leur demande était sérieuse, ils ajoutèrent quelques mots qui faisaient pressentir qu’il s’agissait d’un accommodement. (7) En attendant, ils demandèrent une trêve et l’obtinrent. (8) Leur mission paraissait avoir une grande importance : on savait que César ne souhaitait rien avec plus d’ardeur qu’un accord, et l’on pensait que les instructions données à Vibullius avaient produit quelque chose.

Discussion des propositions des Pompéiens ; elles ne sont pas sérieuses

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(1) Pendant ce temps, César qui était parti avec une légion pour recevoir la soumission des villes de l’intérieur, et se pourvoir de vivres dont il manquait, se trouvait à Buthrote, vis-à-vis Corcyre. (2) Là ayant appris par des lettres d’Acilius et de Murcus la demande de Bibulus et de Libon, il quitte sa légion et revient à Oricum. (3) Dès qu’il y est arrivé, il les fait appeler à une entrevue. Libon s’y rend seul, et, sans excuser Bibulus, il dit que son caractère emporté et les ressentiments qu’il conserve contre César, depuis leur édilité et leur préture, l’ont obligé à éviter cette entrevue, de peur de compromettre par ses dispositions hostiles un arrangement aussi désirable qu’utile. (4) Il déclare que Pompée est toujours disposé, comme il l’a toujours été, à entrer en accommodement et à mettre bas les armes ; qu’à la vérité ils n’ont pas pouvoir pour traiter, puisque, d’après l’avis unanime du conseil, on a laissé à Pompée le droit de décider souverainement de la guerre et de toute chose ; (5) mais qu’une fois instruits des prétentions de César, ils les feront savoir à Pompée, qui terminera cette affaire par lui-même, conformément à leurs sollicitations. Il demande en outre que la trêve soit continuée et toute hostilité suspendue, jusqu’à ce qu’on puisse être de retour. À cela il ajoute quelques mots sur l’état de leurs forces et la justice de leur cause.

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(1) César ne jugea pas à propos de répondre alors ; et nous ne pensons pas qu’il soit maintenant nécessaire d’en dire le motif. (2) Il demanda seulement de pouvoir sans risque envoyer des députés à Pompée ; qu’on lui promît toute sûreté pour eux, ou qu’on voulût bien les y conduire. (3) Quant à la trêve, il répondit que tel était le droit de la guerre, et que, puisqu’ils empêchaient ses vaisseaux et ses troupes de venir le joindre, il pouvait bien, lui, les empêcher de prendre terre et de faire de l’eau ; (4) que s’ils voulaient qu’il se relâchât sur ce point, ils devaient de leur côté lui laisser la mer libre, mais que, s’ils persistaient à la lui fermer, lui aussi persisterait à leur fermer la terre ; que cependant ils pouvaient traiter d’un accommodement,